Le prologue
Alexis – Salut Christian.
Christian – Salut Alexis.
Alexis – Tu te souviens, Christian, nous parlions l’autre jour du chemin que l’on parcourt tous les deux, chacun sur notre chemin d’épanouissement personnel et professionnel… J’y repensais récemment en travaillant sur mon stage « Le voyage du Héros ». Tu connais le principe… Et bien je faisais le lien avec les bilans de Talents que tu proposes. J’aimerais bien que l’on croise nos expertises sur le sujet. Il me semble qu’il y a un truc à faire à cet endroit-là… Alors, voilà, j’aimerais que l’on en discute tous les deux. Qu’en penses-tu ?
Christian – Bonne idée Alexis. Je connais bien le principe du « Voyage du Héros », et en effet, comme toi même tu as aussi l’expérience des bilans de Talents que je propose, il me semble que ce serait intéressant de faire un pont entre les deux. C’est un projet intéressant. Je te propose que l’on y travaille ensemble, à la façon d’un voyage que l’on entreprendrait tous les deux afin de voir où cela nous mène et comment cela nous grandit.
J’ai plein d’exemples de clients que j’ai accompagnés et qui ont fait un véritable voyage intérieur. Cela me paraît intéressant de faire le lien. Je suis sûr que l’on pourrait en tirer beaucoup d’enseignements vraiment utiles. Et surtout, je connais beaucoup de gens qui seraient ravis de partager nos échanges. On se lance ?
Alexis – C’est parti. Je te propose de commencer par rappeler ce qu’est le « Voyage du Héros » dans son ensemble. Nous pourrons ensuite, au fil des épisodes de ce feuilleton, présenter en détail chacune des étapes de ce parcours.
« Le Voyage du Héros » est un processus initiatique. Il a été formalisé par Joseph Campbell, un enseignant américain, spécialisé en littérature et religion comparée, influencé par CG Jung et le concept d’inconscient collectif. Campbell était un énorme lecteur, dans de nombreuses langues. Il est mondialement connu pour avoir souligné que la structure narrative de la plupart des grands récits héroïques de la littérature est construite sur la base des mêmes archétypes. Et non seulement, cela constitue une sorte de trame commune à tous ces récits, mais surtout, et c’est là que c’est le plus intéressant, à mon sens, cela reprend également la structure des grands archétypes que Jung décrivait. Le « Voyage du Héros », au sens classique du terme, est un véritable processus initiatique qui transforme un personnage, au départ ordinaire, en un homme « meilleur ». C’est une idée que l’on retrouve dans la mythologie grecque dans laquelle le héros est avant tout le fruit de l’union d’un dieu ou d’une déesse et d’un humain. Ainsi il symbolise la cohabitation des forces lumineuses et d’ombres. C’est là tout l’enjeu de son parcours. Et c’est ce qui me passionne dans cette histoire.
Christian – On est parti un peu fort, là. C’est passionnant en effet, mais je te propose de simplifier un peu.
Alexis – Ok, tu as raison, ce qu’il faut retenir, et c’est ce qu’ont retenu les scénaristes hollywoodiens qui se sont emparés de l’idée, le « « Voyage du Héros » c’est la trame commune qui permet à un personnage ordinaire de devenir un héros. C’est Harry Potter, Frodon (cf Seigneur des Anneaux), Luke Skywalker (cf Starwars) pour ne citer que quelques exemples bien connus. Ces histoires nous parlent car elles sont le reflet imagé du voyage intérieur que nous avons tous à faire pour devenir la meilleure version de nous-mêmes, au-delà de nos croyances limitantes et de nos complexes.
Christian – Oui, c’est ça que viennent chercher beaucoup des clients que j’accompagne à travers le parcours “Activez vos talents pour réaliser vos rêves”. Parmi eux il y a des gens qui s’ennuient au travail ou d’autres qui veulent trouver un meilleur équilibre dans leur vie. En ce moment, il y a beaucoup de demandes de personnes en recherche d’une activité qui aurait plus de sens pour eux. Une façon de se sentir plus en cohérence avec leurs valeurs, avec leurs talents surtout. Et puis, avec la crise actuelle, je vois aussi arriver des gens qui ont perdu leur job ou qui ne peuvent plus l’exercer et pour eux ce n’est pas un changement choisi. Ils n’ont rien demandé. Il va pourtant falloir qu’ils affrontent leur destin.
Alexis – C’est ça le voyage ! A travers ses 12 étapes, il nous montre comment on peut véritablement changer de vie en partant à la découverte de ses Talents cachés. Ce n’est pas un voyage tranquille. Il y a des épreuves à franchir et surtout un dragon à affronter. L’image du dragon endormi sur un trésor, comme dans “Le Hobbit” de Tolkien est une très bonne image de cette phase. La bonne nouvelle est que si ce dragon fait très peur au départ, c’est que la victoire sur lui est ce qui donne la véritable valeur au voyage. On verra ça…
Christian – Moi ce qui m’intéresse ici, c’est de mettre en lumière la dimension initiatique que tu donnes à ce Voyage. Peux-tu expliquer davantage cela, sans rentrer tout de suite dans les détails. Mais je voudrais souligner cette dimension plus psychologique du processus.
Alexis – Oui, c’est effectivement un véritable processus initiatique, digne des grandes initiations traditionnelles. C’est une question fondamentale en cette période de transition que l’humanité entière est en train de vivre. La question est de comprendre ce qui est essentiel dans la vie. On peut courir après une réussite matérielle. Il n’y a aucun mal à souhaiter gagner de l’argent. C’est une nécessité pour vivre et mener à bien ses projets. L’argent est une énergie d’échange et en cela c’est profondément vivant. Là où la richesse commence davantage à poser problème c’est quand elle est accumulée de manière concentrée et qu’elle ne circule plus.
Christian – C’est une question politique ça ! Si on revient à la question de la quête de sens, on est davantage dans la spiritualité, non ?
Alexis – Oui, j’y reviens. En effet, c’est le vrai sens de la spiritualité. Il s’agit de donner un sens à la vie, et à sa vie en particulier. La quête est, dans toutes les traditions, celle d’une richesse perdue qu’il faut reconquérir. D’où la confusion avec l’argent. Mais en fait, la vraie richesse de la vie, c’est la vie elle-même. C’est ce que l’on découvre sur le chemin de Compostelle. Ce n’est pas la ville de Santiago qui est importante. Ce n’est pas la destination. C’est le chemin qui fait la valeur du pèlerinage. Ce sont les épreuves et les rencontres que l’on y fait. C’est aussi le temps que l’on y passe. C’est vraiment une question de processus et non pas une destination. Le bonheur, la quête du sens de la vie, c’est la même chose. Le « Voyage du Héros » nous invite à passer du temps avec nous-mêmes et à comprendre que c’est notre attitude face aux événements de la vie qui est déterminante.
Christian – C’est ce que comprennent les gens qui travaillent sur leurs Talents. Je leur explique que les Talents, ils les ont déjà. Il n’y a rien à aller chercher à l’extérieur, sinon quelques savoir-faire mineurs. Le vrai Talent, qui fait toute la différence, c’est celui de comprendre comment nous fonctionnons et de respecter cela avant toute chose.
Alexis – Tout à fait. Je me souviens. J’ai apprécié, dans le bilan de Talents, de bien repérer ce que sont mes zones de confort et ainsi d’être en capacité à choisir mes activités, mes projets, mes partenariats dans l’optique de mieux les utiliser.
Christian – Oui, souviens-toi, c’est ce qu’on s’est dit en commençant ce projet de feuilleton. On a mis en commun nos Talents et chacun est resté dans sa zone de compétence. On ne s’est pas lancé dans un truc trop stressant ou trop peu intéressant. L’idée est de conjuguer ton talent d’écrivain visionnaire et, de mon côté, mon expérience de l’accompagnement et mon savoir-faire pour communiquer avec un grand nombre de personnes sur les réseaux. Chacun sa partie, chacun sa zone de confort et ainsi sa contribution.
Alexis – Oui, c’est ce qui était vraiment cool dans ce projet. C’est le sens de la réalisation. On crée quelque chose à partir de ce que nous sommes. On est parti d’une difficulté que chacun de nous a rencontrée et on en a fait une occasion de coopérer. D’un point faible nous avons fait une force parce que nous sommes revenus à l’intérieur de nous, à la conscience de notre caractère unique.
Ce que nous verrons à travers les différentes étapes du Voyage, c’est que le Héros ne peut pas faire son voyage seul, il a besoin des autres. Pourtant, il découvre que sa vraie richesse est intérieure. C’est un paradoxe profondément initiatique. La puissance du Héros vient autant de sa capacité à reconnaître ses Talents qu’à s’en détacher. Il gagne en lâcher-prise. Il repart plus riche car il ne s’identifie plus aux richesses extérieures. Il a compris que le trésor est en lui. C’est ça le secret que nous découvrons avec lui.
Christian – C’est passionnant. J’ai hâte que l’on parcoure ensemble les prochaines étapes pour pouvoir approfondir cela. Il me vient déjà plein d’images des parcours que j’ai accompagnés, et j’imagine que dans tes accompagnements, tu en as vu aussi. Cela va être passionnant de partager tout ça.
Alexis – Oui, rendez-vous la semaine prochaine.
Épisode 1 – L’appel
Nous avons vu la semaine dernière que le Voyage du Héros est un processus initiatique qui nous entraîne sur le chemin de la quête de soi. C’est un parcours qui nous interroge sur notre vraie richesse, celle qui est à l’intérieur. C’est aussi ce qui a servi de base à la plupart des grands récits héroïques transmis par la littérature, et maintenant le cinéma.
Christian – Bonjour Alexis, je me réjouis de ce nouvel échange entre nous. Notre premier échange m’a mis l’eau à la bouche. C’est comme un apéritif qui ouvre l’appétit.
Alexis – Salut Christian. C’est tout à fait ça et c’est une très bonne introduction pour notre propos d’aujourd’hui. La première étape du « Voyage du Héros » s’appelle “L’appel”.
Christian – Comme l’appel du large pour les marins ! Je connais bien.
Alexis – Oui, c’est ton côté skipper qui ressort. En général, l’histoire du personnage commence par une vie un peu calme. Le Héros est soit un peu endormi sur ses lauriers, soit en proie à une vie assez insatisfaisante, problématique. C’est Bilbon, le Hobbit, tranquillement installé dans son trou de Hobbit lorsque Gandalf vient le chercher. C’est aussi Parker, qui galère dans sa vie, avant de se faire piquer par l’araignée et devenir Spiderman.
Christian – Parmi mes clients, j’ai en effet des gens qui s’ennuient un peu au travail et qui voudraient en changer pour un métier qui leur corresponde mieux. Mais j’en ai aussi qui ont un bon job et qui se plaisent à l’exercer. Pour eux, la question n’est pas professionnelle, elle est plutôt une histoire de cohérence intérieure. Ils viennent car ils trouvent que leur vie n’est pas tout à fait alignée avec leurs aspirations plus profondes. Ils voudraient changer quelque chose pour se sentir plus aligné entre leurs aspirations et leurs choix de vie.
Alexis – Oui, le point de départ peut être celui-là. C’est un appel que l’on sent parfois confusément au fond de soi. Une petite voix qui susurre des trucs encore incompréhensibles, mais qui insiste et insiste encore. Tu te souviens, dans Harry Potter, dans le premier épisode, c’est l’invitation à se rendre à Poudlard qui arrive par courrier ? Une fois, puis deux puis, comme l’invitation n’est pas bien accueillie par l’oncle d’Harry, elle devient plus insistante et les enveloppes se mettent à pleuvoir. C’est ce genre d’appel. Il revient tant que l’on ne le prend pas en compte.
Christian – Dans nos coachings, on commence toujours par interroger la question de l’objectif que le client poursuit. C’est souvent ce qui motive la personne à se faire accompagner. On voit bien que si parfois la demande est claire, parfois ce n’est pas du tout le cas. Et c’est cela qui justifie aussi pleinement l’accompagnement, c’est que la personne a vraiment besoin d’une écoute, d’un questionnement bienveillant pour discerner ce qui se manifeste en elle.
Alexis – Et c’est parfois en fin de coaching que le client comprend finalement ce qui est son objectif. Ça m’a toujours fasciné de voir que dans certains cas, tout le processus de coaching consiste – “seulement” – à comprendre où est le problème. Et pour s’apercevoir qu’il n’y en a pas, en fait. Où qu’il n’est pas du tout l’obstacle insurmontable que l’on s’imaginait au départ. C’est fou comme l’on se crée nos propres problèmes, tant nous sommes convaincus que la vie ne peut pas être aussi simple et abondante que nous le voudrions ! Pourtant elle l’est…
Donc voilà notre personnage en proie à un appel plus ou moins conscient, plus ou moins profond.
Christian – Ah oui, la profondeur ! J’ai remarqué qu’il y a plusieurs niveaux dans la quête. Avec le temps, on n’est pas forcément en quête des mêmes choses selon les étapes de notre vie. Ce qui pouvait être une quête à un moment de la vie devient moins important avec la maturité. La manière dont nous exprimons nos talents, c’est la même chose.
Alexis – Il y a tellement de facteurs qui conditionnent nos aspirations et nos choix… C’est pour ça qu’il n’y a pas d’âge pour s’intéresser à ce « Voyage du Héros », car ce qui allait de soi pendant des années, peut devenir très inconfortable par la suite. C’est un peu ce que nous sommes nombreux à sentir en ces temps de transition. Nous avions des habitudes, une sorte de confort et surtout beaucoup de certitudes sur plein de choses. Et voilà qu’à travers les scandales sanitaires, politiques, économiques, écologiques que nous vivons actuellement, on se rend compte que l’essentiel n’est pas là où nous le situions. Une nouvelle quête d’équilibre se fait ressentir, nos illusions tombent les unes après les autres. C’est un nouveau « Voyage du Héros » qui commence, plein d’incertitude et ô combien effrayant car il nous invite à faire le chemin d’un plus grand détachement. C’est ce que je perçois de ce qui se passe aujourd’hui : nous sommes appelés à faire une véritable transmutation de nos peurs en espérance, et de notre recherche de sécurité extérieure, en solidité intérieure. Ce n’est pas du tout un horizon bouché ou encore moins une catastrophe sans issue. C’est une chance, une opportunité géniale, mais ça fait peur ! Tu n’as pas peur toi ?
Christian – Si bien sûr, cela en réactive certaines. Mais j’ai la foi en la vie et je sais que nous sommes sur le bon chemin. Je perçois qu’il y a la lumière pas loin, c’est sûr. C’est ça que je dis toujours à mes clients.
Tu vois, à cette étape, j’accompagne la personne à comprendre que des appels, on en reçoit en permanence. Ce sont des stimulii. Je l’invite alors à distinguer les bruits, les signaux, ce qui l’appelle et ce qu’elle se raconte. C’est mettre de la conscience sur cette notion d’appel que nous propose la vie. Il y a aussi les synchronicités, les événements marquants. Ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver parmi tout ça. Cela peut être un appel interne, ou un appel externe. C’est aussi, et on le verra plus tard, reconnaître que parfois, l’appel n’est pas là où on le croyait. Par exemple, je me souviens du cas de Julie. Au départ sa demande était de savoir si oui ou non, elle devait accepter le poste prestigieux qu’on lui proposait alors. On aurait pu croire que l’appel était de faire l’effort de monter en responsabilité. Mais en fait, au fil du chemin, on s’est rendu compte qu’au-delà de cette dimension, il y avait autre chose qui faisait bien plus peur à Julie. Il s’agissait pour elle de lâcher le confort de son précédent travail, pour accepter une certaine insécurité. Le challenge n’était pas de savoir si le nouveau poste offrait ou non suffisamment de garanties, mais de savoir si Julie aurait assez de force intérieure, pour se sentir elle-même en sécurité, quoi qu’il arrive. Elle ne l’a pas compris tout de suite. Il a fallu quelques étapes ou épreuves… Et puis elle a fini par comprendre que ce qui la rendait insécure, c’était simplement de ne pas avoir en conscience, que la seule solidité est intérieure. Elle s’est vue capable de surmonter ce qui lui arrivait et ainsi a découvert sa force et donc que rien ne peut nous arriver, tant que l’on est en contact avec nous-mêmes et ce pouvoir intérieur.
Il y a aussi l’exemple d’Isabelle. Son contexte, c’est un job technique, elle a fait plein de formations et rêve de créer son cabinet de massage Ayurvédique. Elle aimerait pouvoir apporter ça dans son entreprise. Mais elle croit que l’entreprise n’y est pas favorable. En même temps le DRH a changé. Le nouveau se révèle très ouvert à l’idée que le bien être des gens est très important. Ainsi dans son prologue, les protagonistes changent. L’appel est celui de la vie qui ouvre une potentialité. Finalement, l’offre de l’entreprise est de créer un partenariat avec Isabelle pour lui permettre de développer son projet en entreprenariat. Une belle aventure démarre !
Alexis – Bonne chance à elle. Si tu veux bien, nous pourrons, la semaine prochaine, poursuivre le chemin avec la seconde étape du « Voyage du Héros ». Il s’agit du Refus de l’appel. Car oui, parfois, c’est dès le départ que le Héros doit montrer sa détermination.
Bonne semaine Christian.
Christian – Bonne semaine Alexis.
Épisode 2 – Le refus de l’appel
La semaine dernière nous avons compris que l’appel que reçoit le héros n’est pas toujours entendu. S’il est parfois un appel à sortir d’une situation difficile, il est aussi la perspective d’épreuves ou en tout cas d’un changement pour lequel nous ne sommes pas toujours prêts.
Christian – Bonjour Alexis. En bon facilitateur, puis-je te demander quelle est ta météo du jour?
Alexis – Et bien je me sens bien. Je suis content d’arriver à dépasser les contrariétés qui ne manquent pas de se produire en ce moment. Et je vois aussi combien il m’est précieux de pouvoir sentir en moi circuler l’énergie et ainsi me sentir fort et en confiance, quoiqu’il arrive. Et toi comment te sens-tu ce jour ?
Christian – La semaine a été riche d’expériences diverses. Je suis actuellement occupé à faire des travaux chez ma fille et je dois dire que cela me réjouit. Pour le reste, je suis comme toi, tout n’est pas simple au dehors, mais au dedans le capitaine est à la barre.
Alexis – Le capitaine au cœur grand ouvert, en effet ! Tu te souviens que l’on avait traité la semaine dernière de l’étape de l’Appel que reçoit le Héros plus ou moins en conscience.
Cette semaine, je voudrais insister sur ce point. C’est pour cela que cette deuxième étape s’appelle le Refus de l’Appel.
Christian – Pourquoi le personnage refuse-t-il de devenir un Héros ? C’est plutôt une belle promotion de pouvoir quitter sa petite vie pour partir à la conquête du trésor, de la princesse et de la gloire, non ?
Alexis – Certes, ce serait cela, si la quête était évidente dès le départ. On raisonne de cette manière-là parce que nous connaissons l’histoire. Mais le personnage, au début, avant d’avoir fait le chemin, et d’avoir fait l’expérience de ce processus, ne sait pas ce qui va lui arriver. Il est face, au mieux, à une grande inconnue qui lui fait peur tant elle est vide de repères et de sens. Parfois c’est pire, il sait, comme c’était le cas pour le Héros de l’antiquité, qu’il doit affronter un destin nécessairement tragique. Donc, c’est clair qu’il n’a pas vraiment envie d’y aller. Il a la trouille car il pense qu’il peut y perdre la vie. Il préfère rester tranquille sur son canapé, ou même dans sa vie de travail ordinaire, car ça au moins, c’est connu.
Christian – Tu le présentes un peu comme un couard. Mais c’est peut-être surtout un individu inconscient. Il fait des méconnaissances sur sa réalité et son pouvoir. Il a peur parce que la quête lui paraît impossible.
Alexis – Oui et c’est difficile pour lui car il a peur. Tu as raison, il ne faut pas entendre un jugement de ma part quand je dis qu’il a peur. C’est une réalité. La peur est une émotion normale et salutaire car elle nous signale qu’il y a quelque chose de dangereux dont il faut se prémunir. Elle nous invite à la prudence. Là où elle devient pathogène et constitue un frein important pour notre développement, c’est quand elle conditionne toute notre vie. Elle a alors un effet délétère sur nos fonctions physiologiques et sur notre psychologie.
Christian – On dit bien que la peur est mauvaise conseillère !
Alexis – Oui et actuellement on voit bien à quel point c’est le cas. La peur du virus nous entraîne à accepter n’importe quoi, on ne réfléchit plus. La peur paralyse et bloque notre capacité de réflexion. C’est aussi la porte d’entrée idéale à toutes les manipulations et tous les abus d’autorité. Nous en voyons malheureusement une belle illustration tous les jours.
Christian – C’est en cela que le « Voyage du Héros », en tant que processus de maturation est intéressant. Il va amener le personnage à affronter différentes épreuves et ainsi, il va déjouer sa peur en comprenant, petit à petit, qu’il peut être plus fort que sa peur.
Alexis – Ou plus exactement, il va cesser d’alimenter les scénarios qui lui font croire qu’il y a des dangers plus grands qui l’attendent plus loin, alors que ce n’est qu’une totale fiction. En allant jusqu’à affronter le dragon, il va réaliser que même au seuil de la mort, il n’y a finalement rien à craindre. Mais j’anticipe. Revenons à ce refus de l’appel. Comment se manifeste-t-il chez les clients qui viennent te voir ?
Christian – Comme c’est le cas dans le processus d’initiation, il y a deux refus de l’appel à distinguer. Le premier cas est celui où la personne refuse d’entendre l’appel qui lui est adressé. Elle ne l’entend simplement pas, ou ne réussit pas à en entendre le sens réel. Elle croit qu’on l’invite à faire un chemin extérieur alors que le vrai challenge est intérieur. Du coup, elle bouge, oui, mais pas forcément sur le bon chemin. C’est une voie sans issue.
Alexis – Et l’autre cas, c’est quand le Héros a accepté de se mettre en mouvement et qu’il doit commencer par trouver le maître qui va lui enseigner ce qu’il doit savoir. Le maître c’est toi Christian ?
Christian – Hein? Non ! Moi je ne suis parfois que le mentor. Mais c’est vrai que c’est ce que l’on voit dans certains parcours professionnels.
Par exemple, Isabelle, dont on parlait la dernière fois. Sa quête a commencé lorsqu’elle a décidé de se lancer dans les soins ayurvédiques. Il lui a fallu trouver une école pour se former. Cela n’a pas marché du premier coup. Son dossier a tout d’abord été refusé. Cela a été une vraie épreuve pour elle. Devait-elle en déduire que ce métier n’était pas fait pour elle ? Ou bien persévérer en s’engageant de manière plus entière dans sa quête? C’est en cela que le refus de l’appel est parfois vu comme le refus du maître à accepter que le personnage devienne son élève et s’engage ainsi dans la voie du Héros.
Alexis – Je me souviens que, dans “Le guerrier pacifique”, le roman initiatique de Dan Millman, c’est le cas. Il faut d’abord que le personnage reconnaisse le maître puis que celui-ci l’accepte. Mais chut, je ne veux pas déflorer la suite… On la découvrira la prochaine fois, si tu veux bien.
Christian – Oui la semaine prochaine nous verrons comment le Héros va “Franchir le seuil”.
Bonne semaine.
Épisode 3 – Franchir le seuil
Dans les épisodes précédents, nous avons vu que le héros reçoit un appel à changer quelque chose d’important dans sa vie. C’est un appel intérieur parfois aussi manifesté dans sa vie de tous les jours. C’est initiatique aussi. Le héros peine à reconnaître cet appel et parfois le refuse ou s’en voit refuser l’accès. Sa détermination est mise à l’épreuve.
Alexis – Toc Toc, Bonjour Christian, Puis-je entrer ?
Christian – Mon seuil est ouvert… Bonjour Alexis. Nous voilà déjà dans le sujet ! C’est intéressant de se dire que nous franchissons des seuils très souvent, dans la vie de tous les jours. On ne s’en rend pas toujours bien compte…
Alexis – Oui, c’est tellement fréquent ! Nous sommes souvent bien inconscients de ce que nous faisons. Lorsque je rentre en relation avec toi, je franchis déjà un certain seuil, celui de ta zone proximale de relation. Trop loin, nous ne sommes pas en contact. Trop près j’envahis ton espace. Mais ce n’est pas tout à fait le sujet du jour.
Nous avons vu dans les épisodes précédents que notre Héros, ou du moins le personnage qui est amené à devenir un Héros, reçoit plus ou moins consciemment un appel, une invitation à se mettre en chemin pour quitter sa vie ordinaire et développer ses Talents. L’aventure commence en testant sa volonté. Est-il prêt à franchir le seuil et à se lancer dans l’aventure ?
Christian – C’est un engagement fort en effet. Il sait qu’il va quitter le territoire qu’il connaît, sa zône de confort, et qu’il va devoir s’engager dans l’inconnu et y vivre certainement des épreuves. Il ignore encore quel en sera le bénéfice, mais quelque part, il le sent. Je le vois bien à travers les accompagnements que je fais, il y a une volonté de changer, une volonté de quitter une situation insatisfaisante, ne serait-ce qu’une décision que l’on n’arrive pas à prendre, et qui motive la personne à bouger.
Alexis – Qui la motive à bouger, ou pas ! Je suggère souvent à mes clients, quand ils constatent qu’ils n’arrivent pas à passer à l’action, alors que pourtant ils se plaignent beaucoup d’une situation qui ne leur convient plus, que peut-être il leur manque quelque chose. “Pour changer, il ne suffit pas d’en avoir marre, il faut en plus en avoir marre d’en avoir marre !” Tant qu’une situation n’est pas devenue plus insupportable que la peur qui empêche de se mettre en chemin, alors il est plus commode de choisir de rester là où, au moins, on a des repères. On connait le décor, les acteurs et même l’intrigue. Cela fait des mois, des années que le l’on rejoue la pièce…
Christian – Oui c’est ce que l’on appelle le scénario de vie, également. Cela rejoint bien cette idée de « Voyage du Héros ». C’est en soi un scénario, comme l’ont bien compris les scénaristes de films qui s’en inspirent volontiers. Le voyage est une invitation à vivre son scénario et à le dépasser. C’est vraiment un processus intérieur important.
Alexis – Oui et c’est pour cela que nous sommes là pour accompagner ce passage. Et le passage du seuil tout particulièrement. C’est là que le Héros rencontre son Mentor, une sorte de magicien, de sâge qui connait le chemin et qui va pousser le Héros à oser entreprendre l’aventure.
Christian – Cela parle tout à fait de la posture du coach, qui vient, non pas pousser le client à se mettre sur tel ou tel chemin, mais qui va l’encourager à entendre l’appel, à y donner sens et à encourager le client à le suivre.
Alexis – Oui et c’est pour cela que nous invitons le Héros à se munir d’un bouclier et d’une épée. C’est symbolique, ce sont les permissions et les protections qui lui seront nécessaires pour affronter, dans de bonnes conditions, les épreuves qui vont arriver. Pour illustrer, c’est ce que l’on voit quand Harry Potter reçoit la cape d’invisibilité ou que Frodon, dans le Seigneur des Anneaux, reçoit une cotte de mailles et une épée magique. Et d’ailleurs dans le film, quand le Héros et ses 2 compères sortent de la Comté, l’un s’arrête et dit aux autres qu’il prend alors conscience d’être arrivé plus loin qu’il n’était jamais allé. L’aventure commence vraiment là, pour eux. Franchir le seuil est une étape importante.
Christian – C’est l’entrée dans l’inconnu.
Alexis – Oui, Il entre dans le monde extra-ordinaire, au sens premier. Il quitte son univers connu et entre dans un monde de nouveautés. En plus de cela, il sait que le retour ne sera plus possible, ou du moins, le personnage ne sera plus jamais le même après cela. Souvent, dans les films c’est là que le pont s’écroule, que la porte disparait, que le vaisseau spatial explose… Il se passe quelque chose d’inattendu qui rend le simple retour à la maison impossible. C’est aussi l’innocence perdue…
Christian – Dans le monde réel, c’est quand le client démissionne de son CDI pour se mettre à son compte ou qu’il entre en formation. Il va rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux savoirs et il devra passer des examens pour prouver sa valeur.
Alexis – Oui et ce sont là aussi des épreuves à double sens. Mais si tu veux bien, nous en parlerons davantage la prochaine fois.
Christian – Ok à la semaine prochaine.
Épisode 4 – Les épreuves
Dans les précédents épisodes, nous avons vu comment notre Héros est invité à quitter le confort de son monde connu et à oser se risquer à partir à l’aventure. Nous avons vu qu’activer ses Talents est une aventure intérieure et qu’il est parfois difficile d’en accepter l’appel.
Christian – Bonjour Alexis. Je te souhaite une bonne année. J’espère que quoi qu’il arrive dans cette année de transition, tu y trouves matière à développer tes nombreux Talents afin de faire rayonner ta belle lumière intérieure.
Alexis – Oh Merci Christian, ça me touche. A mon tour de te souhaiter paix et sérénité dans tout ce que tu vivras cette année. Nous ne savons pas trop de quoi l’année sera faite, mais, nous savons tous les deux que le bonheur, la paix et la joie sont avant tout dans nos cœurs. Et je sais que le tien est grand et que tu sauras affronter quelques-unes des vicissitudes de la vie avec hauteur et recul.
Christian – Merci. Voilà qui va nous permettre de faire le lien avec ce nouvel épisode de notre feuilleton consacré au Voyage du Héros.
Alexis – Oui, c’est à nouveau un bon point de départ. J’y pensais. Ce que je nomme les vicissitudes de la vie, ce sont les petites ou parfois grosses situations que la vie nous demande de gérer. Nous pouvons en faire des problèmes ou simplement considérer cela comme des cailloux sur le chemin. Il ne viendrait à l’idée de personne de nettoyer le chemin de Compostelle pour être sûr que personne ne trébuche sur une pierre ou n’aie de détour à faire pour éviter une flaque de boue. Le chemin est le chemin. Parfois, ça monte dur, parfois non. C’est ce que vit le marcheur qui en fait la saveur réelle. S’il est bien entraîné, s’il est en forme ou, et surtout, s’il a la bonne attitude mentale, il va traverser cela facilement.
Christian – Facilement, facilement, tu en as de bonnes. Quand ça monte et qu’on a des ampoules aux pieds, cela ne peut pas être facile.
Alexis – C’est vrai. La montée est une réalité. Mais l’impression que c’est trop dur, trop long ou que je suis trop fatigué m’appartient totalement. Un autre marcheur pourra passer par le même chemin sans du tout ressentir les mêmes choses. C’est en cela que c’est subjectif. Quant aux ampoules aux pieds, elles proviennent là aussi de certaines tensions intérieures. Cela a un sens, ça aussi. Mais ce n’est pas notre sujet ici.
Christian – Ok. Quel est le sens des épreuves que le Héros doit traverser ? Il me semble, au vu de ce que traversent mes clients, que le sens de ce qu’ils vivent, lorsqu’ils commencent à vouloir mettre davantage en œuvre leurs Talents, c’est tout d’abord un apprentissage. Ils réalisent, grâce au bilan Flow quels sont leurs Talents et comment ils les mettent ou pas en œuvre. Et généralement, à ce moment-là, ils souhaitent changer des choses dans leur vie.
Alexis – Oui, c’est là qu’ils entrent en formation, qu’ils commencent à vouloir changer de travail ou qu’ils se lancent dans un nouveau projet.
Christian – Tout à fait. C’est une étape d’expérimentation dans laquelle ils rencontrent de nouvelles personnes. Certaines vont devenir des alliés, d’autres des adversaires, voire des ennemis.
Alexis – C’est une précision importante ce que tu ajoutes là. La différence entre un adversaire et un ennemi vient du regard que l’on porte sur lui. Un adversaire vient manifester une volonté étrangère que je peux interpréter comme extérieure à moi ou que je peux prendre de manière personnelle. Alors j’ai l’impression que l’autre m’en veut à moi. J’en fais une affaire personnelle et entre dans un combat « à mort ». Il n’y a pas beaucoup d’Amour là-dedans. C’est une voie de souffrance. Même en cas de victoire. Car c’est agir depuis une posture de violence qui, tôt ou tard, se retournera contre moi. C’est pour cela que l’étape des épreuves existe dans le voyage du Héros. Ces difficultés sont là pour éprouver sa détermination et son courage. Le courage vient du cœur et la détermination de la foi. Ce sont les vertus que le Héros doit acquérir pour espérer s’approprier le trésor. Car il va lui falloir le plus grand des courages s’il veut vraiment atteindre le trésor. Il va devoir affronter le dragon, sa plus grande peur. Et ça, en général, on évite. On y reviendra…
Christian – Cela me fait penser au parcours de Bertrand. Tu vois, c’est un homme profondément généreux. Quand il a décidé de monter son cabinet de conseil il était animé d’une sincère et véritable envie d’aider. Du coup, il faisait plein de choses sans se faire payer, sans forcément formuler une offre claire de service et du coup sans se faire payer. Il ne voulait pas entrer dans une logique « business », disait-il. Il se targuait d’avoir une autre éthique. Mais en fait, en faisant ainsi, il ne gagnait pas sa vie et était à deux doigts de devoir renoncer à son beau projet. En fait il ne se donnait pas à lui-même la chance de faire réussir son projet.
Alexis – Il n’avait pas encore affronté son dragon… ?
Christian – Oui, en effet. Il y avait un truc qui le freinait. Son attitude, officiellement son éthique altruiste, était en réalité le reflet d’une difficulté toute autre, liée à sa plus grande peur. Mais pour l’instant il ne le voyait pas.
Alexis – Il n’était pas encore prêt à le voir. Je dis souvent à mes clients qui se plaignent d’une situation professionnelle qu’ils voudraient quitter mais sans jamais passer à l’action : Il ne suffit pas d’en avoir marre, il faut encore en avoir marre d’en avoir marre. C’est-à-dire qu’il faut avoir vécu et vécu encore le problème, qu’il soit devenu insupportable, pour qu’il devienne moins effrayant de se mettre en action et faire ce qu’il faut pour que les choses changent.
Christian – C’est le sens des épreuves. Parfois, si l’on ne veut pas voir certaines choses en face, la vie nous les présente sous la forme d’épreuves ou d’accident. Alors on n’a plus le choix que de devoir résoudre le truc. Mon client, une fois qu’il s’est trouvé sans argent, a accepté de se faire conseiller en marketing et à formuler différemment son offre de service. Et ça a tout changé. Maintenant il sait que ce qui est juste pour lui et donc pour l’univers aussi, c’est qu’il reçoive une juste rémunération d’un service de qualité qu’il propose à ses clients. Ainsi, il développe son activité et il peut même, quand c’est nécessaire, offrir certaines prestations à des associations ou des particuliers qui n’en ont vraiment pas les moyens. Les autres le paient et ainsi lui permettent de continuer. C’est juste.
Alexis – Oui, c’est cela activer ses Talents. C’est être au rendez-vous de leur exigence. C’est le prix à payer pour pouvoir bénéficier de ce qu’ils peuvent apporter de plaisir, de satisfaction et aussi de réussite à celui qui s’engage à les activer… Tu ne nous as pas dit quel était son dragon et comment il a fait pour l’affronter.
Christian – Et bien il va te falloir patienter jusqu’à la semaine prochaine pour le savoir. La patience est aussi une vertu à cultiver, mon jeune Padawan.
Alexis – Ha ha ha. Rire, tu me fais. Alors salut Maitre Yoda, à la semaine prochaine.
Épisode 5 – Roi d’un jour
Au début de son aventure, le Héros a compris qu’il se doit de répondre à l’appel qu’il a ressenti en lui. C’est son destin. Et si même si cela lui fait peur, il doit quitter son confort, gagner le soutien de son mentor et partir vivre ses premières aventures dans le nouveau monde. Il s’y forme et s’y transforme. Et déjà arrivent les premières mais illusoires victoires.
Christian – Bonjour Alexis Comment vas-tu ? Te sens-tu comme un roi ce matin ?
Alexis – Bonjour Christian. Eh bien ma foi… J’espère régner sur mon royaume intérieur en tout cas… Je me disais en venant que nous ne savons pas de quoi sera fait chaque jour. Mais il est certain que ce que l’on vit à l’extérieur n’est qu’un décor changeant. Plus la lumière y pénètre et plus les ombres apparaissent. C’est cela la conscience. A nous de ne pas perdre de vue l’image globale et de garder les pieds sur terre pour agir avec sérénité et faire de chaque jour une belle journée, sans crier trop vite victoire, mais sans oublier non plus de célébrer chaque petite joie ou instant de bonheur.
Christian – Je fais le parallèle avec notre épisode du jour. Le roi d’un jour parle de ce que peut vivre le Héros après ses premières victoires. J’ai observé souvent qu’il arrive souvent à cette étape que nous puissions parfois de nous croire arrivé. Nous avons vaincu des épreuves, nous avons gagné quelques richesses et nous voilà pris par notre égo qui, lui, a bien envie de se contenter de cela.
Alexis – Oui, le Héros fanfaronne un peu à ce moment-là. Il peut se croire arrivé parce que, en effet, il a franchi quelques étapes et il en a obtenu quelques avantages. Cela peut être un titre, un début de richesse, quelques nouveaux attributs. Dans la vraie vie nous pouvons voir là les premiers succès de l’entrepreneur, les premiers euros gagnés, les succès auprès de l’entourage.
Christian – Ce sont toutefois des vraies réussites, non ?
Alexis – Oui bien entendu. Ce sont des victoires et elles sont, comme toutes les réussites, à célébrer, c’est important. Simplement, ce que le Héros découvre alors c’est qu’il ne s’agit souvent que de victoires matérielles. C’est important, je ne dis pas le contraire, mais, dans une perspective initiatique, nous distinguons cela des victoires intérieures. C’est une question de conscience. Et c’est pour cela que, bien souvent, le Héros ne peut pas s’en rendre compte tout seul.
Christian – Je vois souvent cela avec les managers ou entrepreneurs que j’accompagne. Ils se lancent, tâtonnent un moment. Ils trouvent de nouveaux collaborateurs, des confrères ou des partenaires qui les aident. Parfois, ils vivent aussi des échecs et des plantages, mais quand ils savent en tirer parti, alors ils deviennent plus forts.
Alexis – Et c’est souvent là qu’ils se croient arrivés. Si, comme tu le soulignes avec justesse, ils comprennent qu’en fait, les erreurs, les plantages, les échecs des premiers temps sont surtout des expérimentations, alors ils en tirent un enseignement positif et cela les fait grandir. Avec un peu de chance, ils sauront garder la tête froide et un peu d’humilité pour ne pas se prendre trop au sérieux. Mais incontestablement, ils ont réussi certaines choses. Pour aller au-delà, ils doivent rencontrer la déesse.
Christian – La déesse ? A quoi correspond ce personnage ? C’est un archétype ?
Alexis – Oui, la déesse est l’archétype du féminin sacré. Homme ou femme dans la vraie vie, il est notre part d’intuition et la porte d’entrée vers l’autre monde. Dans les films, il s’agit de l’intervention d’une magicienne, telle Galadriel de Lórien dans « Le seigneur des anneaux » par exemple. Elle donne à chacun un cadeau magique pour l’aider à poursuivre la quête en sécurité. Elle révèle certaines vérités qui lui permettent de comprendre ce qui l’attend dans la suite du voyage. Et c’est bien là le sens de cette étape. La déesse vient permettre au Héros de ne pas rester dans l’illusion de croire qu’il a fini sa quête. Elle le renvoie sur le chemin afin de lui permettre d’aller à la rencontre du dragon, passage obligé pour approcher le véritable trésor.
Christian – Et c’est là que l’on comprend que le trésor n’est pas matériel, mais qu’il est spirituel. Et qu’il va falloir entrer dans la caverne pour le trouver c’est cela.
Alexis – Oui, ce sera la prochaine étape du voyage. Mais avant cela, je voudrais que tu me dises comment tu as vu se concrétiser cette étape dans les accompagnements que tu as fait. Saurais-tu me dire quelle déesse tu as déjà rencontré dans ton parcours ?
Christian – Oui bien sûr, pour moi la déesse a été ma compagne. L’avoir rencontrée m’a fait prendre conscience des valeurs importantes qui étaient miennes mais que je négligeais. Cela n’a pas été facile pour moi. Il m’a fallu passer par un profond travail de lâcher-prise, car pour moi, affronter le dragon, c’était affronter une certaine peur de ma sécurité matérielle fragilisée. Car pour oser réaliser mes rêves (acheter un bateau, voyager, prendre du temps…) il me fallait développer mon activité autrement. Et donc c’était renoncé à toute une part de mon activité que je maitrisais pourtant bien, qui m’assurait des rentrées régulières et que j’aimais, pour une partie plus incertaine. Ma compagne a été précieuse pour me permettre de voir, dans la relation que j’ai avec elle, que ce qui est vraiment important n’est pas matériel. Et du coup, j’ai franchi le pas. Et le bateau que je viens de m’acheter est magnifique !!!!
Alexis – Ah le capitaine au grand cœur ! J’adore. Merci pour ce récit courageux. C’est tout à fait ça. Dans un prochain épisode, je te partagerai ce qu’est mon dragon et comment je l’affronte, avec ma déesse, moi aussi. Mais avant cela, il nous faut entrer dans la période la plus sombre, l’hiver. Le Héros, lui entre dans la caverne.
Christian – Hâte d’échanger avec toi là-dessus. A la semaine prochaine !
Épisode 6 – La caverne
Notre Héros en quête de la réalisation de ses Talents a rencontré ses premiers succès sur le chemin de son renouveau. Le mentor qu’il a rencontré lui a donné une épée et un bouclier pour se protéger. La déesse lui a donné un pouvoir magique et la direction à prendre pour atteindre le vrai trésor. Il entre alors dans la caverne…
Alexis – Bonjour Christian. J’ai l’impression que tu es bien maussade ce matin. Comment vas-tu ?
Christian – Salut Alexis, c’est vrai que ma météo du jour est un peu grise. Je viens d’apprendre une nouvelle désagréable et j’avoue que j’en prends un peu ombrage.
Alexis – Ahah ! « Ombrage » tu dis. C’est parfait, partons là-dessus. Tu te souviens que notre Héros se croyait un peu le roi du monde car il venait de remporter ses premiers succès. Mon fils dirait « il se la pète un peu ». Mais heureusement une déesse est venue lui faire entendre que la véritable quête n’est pas là. Les succès matériels sont appréciables. Mais tant que le Héros trouvera son réconfort dans le monde extérieur, il restera fragile.
Christian – Oui, c’est le principe de l’immunité naturelle versus le vaccin. Nous avons bien vu que tant que nous ne prenons pas soin de nous, à travers une saine alimentation et des pratiques de vie énergisantes, nous restons fragiles aux virus. Et aucun vaccin ne pourra nous préserver de cette fragilité de terrain. Le parallèle que nous pouvons faire avec le voyage du Héros est que les protections extérieures – le bouclier que lui a donné le mentor – étaient utiles pour certaines batailles, mais qu’elles ne le protègent pas de lui-même.
Alexis – Oui, c’est pour cela que la déesse intervient pour lui donner un talisman, quelque chose de magique qui lui donne un pouvoir intérieur. Une sorte de patte de lapin porte bonheur, en fait. L’idée est, comme tu le disais tout à l’heure, que le Héros ne prenne pas ombrage. C’est-à-dire qu’il ne s’identifie pas à l’ombre qu’il rencontre en lui. Car la métaphore de la caverne est celle-là. Lorsque le Héros s’enfonce dans la terre, dans une partie sombre, une grotte, une caverne ou simplement la nuit, il entre symboliquement dans l’ombre. La déesse lui a fait entendre qu’il avait en lui un grand pouvoir mais que pour le conquérir, il devait descendre dans la caverne rencontrer le dragon. En fait, ce sont ses peurs qu’il va devoir affronter. Tout d’abord, les petites peurs comme les serpents qui font si peur à Indiana Jones, ou les araignées qui sont le cauchemar de Ron le copain d’Harry Potter.
Christian – En fait, le Héros doit encore traverser des épreuves, mais cette fois-ci elles sont intérieures, c’est ça ?
Alexis – En alchimie, on appelle cela l’œuvre au noir, ou dans la tradition chrétienne, la nuit noire de l’âme. En fait, après avoir connu un moment fort lumineux – ses premiers succès – le héros se retrouve confronté à la réalité. Il a alors l’impression de retomber dans le monde ordinaire des difficultés et de la souffrance.
Christian – Oui. Après les premiers succès commerciaux, l’entrepreneur connait parfois une période de vaches maigres, surtout quand il doit commencer à payer ses charges, comme l’Urssaf, trois ans après. Dans le cas du processus d’activation des Talents, c’est le moment où l’apprentissage de la maîtrise des nouveaux comportements fait suite aux premiers pas. Ce n’est pas simple de retrouver quelque chose qui ressemble à un état naturel quand justement ce n’est pas notre état naturel.
Alexis – Attends. Qu’est-ce qui est naturel ? Est-ce l’état inconscient de sa vie d’avant ou est-ce la vie lumineuse qui l’attend au sortir de l’épreuve du dragon ? En fait toute la question est là. C’est une question de conscience. Avant de connaître sa nouvelle vie, il ne connaît que l’ancienne. Il n’a simplement pas conscience de celle-ci. D’où la nécessité de l’appel, comme nous l’avons vu dans un précédent épisode. C’est comme ce qui se passe actuellement dans notre monde. Nous franchissons une étape. Ce qui nous paraît être l’effondrement de notre monde consumériste est en fait l’avènement d’une nouvelle conscience. Nous entrons dans une période de séparation. C’est le même schisme qu’au moment de la séparation entre les chrétiens et les orthodoxes. Le monde se sépare en deux clans, les matérialistes d’un côté et les spirituels de l’autre.
Christian – N’y a-t-il pas une troisième voie ?
Alexis – Il semblerait oui. Le clivage n’est jamais une voie salutaire. La physique nous montre que tout est relié. Le salut, c’est l’unité. Ce n’est sûrement pas la division et le rejet d’un clan contre l’autre. La troisième voie est celle de l’unité transcendante, de la conscience et de l’amour inconditionnel.
Christian – … Je reste sans voix. Mais pas sans voie, du coup. Hihi.
Alexis – Cette nuit noire de l’âme est une période vraiment difficile à affronter. Il faut une grande conscience pour y entrer de son plein gré. C’est pour cela que souvent, il est nécessaire qu’un autre personnage, ou la vie elle-même, nous y pousse. D’un point de vue spirituel, nous ne sommes pas seulement un corps et un esprit, nous sommes aussi une âme ou je préfère dire un être de lumière incarné. Et c’est cette dimension-là qui nous pousse dans la caverne.
Christian – Oui et par Amour en plus.
Alexis – C’est tout à fait ça. C’est parce que nous sommes des êtres d’amour et que nous voulons vivre dans la matière sans nous renier, que nous sommes poussés à traverser cette ombre pour retrouver la lumière.
Christian – Car en fait, cette ombre c’est nous-même qui l’avons créée, par oubli de notre essence lumineuse. C’est le drame de l’incarnation. En atterrissant dans ce monde matériel, nous oublions que nous sommes autre chose que ces corps sensibles et vulnérables.
Alexis – Oui, c’est ça. Nous oublions que nous sommes des êtres de lumière alors nous croyons que nous sommes des êtres séparés, imparfaits. Nous nous comparons en oubliant notre unicité. Nous cherchons désespérément dans le monde une sécurité, une puissance ou une paix dont nous ignorons la présence en nous. Et pourtant c’est pourtant là qu’elle se trouve.
Christian – Et la caverne alors ?
Alexis – Et bien la caverne, c’est quand nous prenons conscience que ce n’est pas à l’extérieur que se trouve la vérité, la richesse que nous cherchons. La caverne, c’est l’entrée en soi. C’est suivre le lapin blanc pour sortir de la matrice de l’illusion et passer de l’autre côté du miroir.
Christian – Tu cites Alice au pays des merveilles, ou Matrix ?
Alexis – Les deux mon capitaine ! C’est la même histoire. Alice et Néo sont les mêmes Héros amenés à découvrir ce qui se cache derrière l’illusion de la réalité. Et c’est un vrai traumatisme. On croit littéralement mourir. C’est ce que l’on vit dans toute initiation. Que cela soit avec un chaman et la rencontre avec une plante ou l’épreuve qui transforme le profane en apprenti puis en maître dans les traditions initiatiques, il faut toujours mourir à quelque chose pour renaître à autre dimension. Pour le Héros qui active ses Talents, c’est accepter de changer ses habitudes, celles qu’il maîtrisait si bien, pour acquérir de nouveaux comportements. Et ça fait peur. C’est l’image du dragon.
Christian – En attendant, retrouvons-nous la semaine prochaine afin de rencontrer ce fameux dragon et le trésor qu’il défend.
Alexis – Yep.
Épisode 7 – Le dragon
Après ses premiers succès, le Héros qui a eu le courage de quitter le terrain connu de ses anciennes habitudes, doit maintenant affronter son dragon. Il sait que s’il veut réellement développer ses nouveaux talents, il doit aussi, d’une certaine manière abandonner les anciens et s’ouvrir à une nouvelle conscience de lui-même.
Christian – Bonjour Alexis
Alexis – Bonjour Christian. J’espère que tu es en forme cette semaine, car ce qui nous attend est le point culminant de notre voyage. Es-tu prêt à rencontrer le dragon ?
Christian – Oui, bien sûr. C’est le trésor qu’il protège qui me motive ! D’ailleurs, en te disant cela, je me demande s’il convient vraiment de dire que le dragon protège le trésor. Le trésor lui appartient-il ? Se l’est-il approprié légitimement ? Ou bien est-il là pour en empêcher l’accès ?
Alexis – Prenons l’exemple du dragon endormi sur l’or de la montagne des nains dans Le Hobbit, l’œuvre de Tolkien et le film qui en est inspiré. Le trésor est celui des Seigneurs Nains. Mais le dragon se l’est approprié et les nains veulent le lui reprendre. Mais en fait, en regardant à un autre niveau, le dragon est venu empêcher les nains de continuer l’entreprise de folie qui était devenue la leur. A force de vouloir s’enrichir, ils se sont fermés aux autres. On dit aussi, que c’est à force d’avoir creusé la montagne qu’ils ont contacté des forces surnaturelles et maléfiques qui étaient endormies au plus profond de la terre. Ils ont réveillé le Mal.
Christian – C’est une métaphore intéressante. On peut y voir le résultat d’un excès de matérialisme…
Alexis – Oui, tout à fait. Le dragon est venu mettre un terme à tout cela. Il s’en est suivi une guerre et un exil pour les nains… Cette traversée du désert se retrouve dans toutes les traditions. C’est l’épreuve qui permet à celui qui s’était éloigné de son axe de s’épurer de ses mauvaises habitudes, de retrouver une humilité qui permettra à la nouvelle vérité d’émerger. Dans le Hobbit, il faut l’intervention du personnage de Bilbon, un bon gars dénué d’égo, pour réussir à mettre la main sur le trésor. Et le trésor, en l’occurrence, ce n’est pas l’or entassé dans la caverne, c’est la pierre de pouvoir, l’Arkenstone, la pierre qui donne à celui qui la possède la légitimité pour régner sur le royaume des nains. C’est cela le véritable trésor qu’il fallait retrouver au milieu des montagnes d’or. Et pour le trouver, et ne pas se l’approprier, il fallait un cœur pur.
Christian – Ainsi, le dragon permet la chute de l’avidité et l’avènement d’une nouvelle vérité, c’est cela ? …Il est donc un mal nécessaire, en quelque sorte. Il est là pour permettre une sorte de rédemption ?Alexis – Tout à fait. Il oblige à l’exil et donc à la purification. Et en même temps, il évite que d’autres viennent piller le trésor ou s’emparer abusivement du pouvoir. Il est là pour éprouver la force intérieure du Héros. La psychanalyse nous l’enseigne : la rencontre avec l’ombre -les forces du mal en nous- permet, si elle ne nous dévore pas, de réussir la transformation intérieure. Le trésor est celui-là. Il s’agit de la réalisation de Soi.
Christian – C’est là que l’entourage redoute que le Héros ne devienne trop égoïste, en cherchant autant à se réaliser ainsi lui-même.
Alexis – C’est une erreur, en effet. La réalisation de Soi n’est pas une quête nombriliste. C’est davantage un retournement de soi vers sa part divine. En fait, la réalisation dont parle le voyage du Héros est ce chemin qui nous permet de comprendre qu’il n’y a pas de plus grande réalisation que de se mettre au service de plus grand que soi. Ainsi, le Héros est celui qui réussit en faisant réussir les autres avec lui. Le trésor est partagé. C’est quelque chose que l’on ramène avec soi, mais pas pour s’enrichir personnellement. C’est un don de soi pour le collectif.
Christian – Si l’on revient à nos clients… Cette étape me rappelle le cas de Laurent, un ingénieur commercial dans une grande entreprise industrielle. Il pensait qu’il n’était pas à sa place dans son emploi actuel. Son entreprise ne le méritait pas, pensait-il, avec un peu de prétention. Il s’est alors formé pour devenir coach et pensait quitter son job pour mieux toucher des gens plus ouverts à ses approches. En fait, l’accompagnement a montré qu’il s’agissait chez lui d’une fuite. Il venait de divorcer, avait un enfant et un prêt à charge. C’était lourd pour lui qui aspirait à autre chose. Mais finalement, il s’est rendu compte qu’il avait un tout autre défi à relever : se mettre à la portée des autres et les accompagner. Et là, imagine-toi que son DRH est venu le voir pour lui proposer un poste de manager de talent, une sorte de coach interne. Ainsi, il pouvait garder son salaire régulier, faire le métier qu’il souhaitait faire et réussir à sa conversion professionnelle. Il n’avait pas du tout imaginé cela.
Alexis – C’est un bel exemple, en effet. S’il n’avait pas touché du doigt sa vulnérabilité, il n’aurait sans doute pas pu abandonner sa position « prétentieuse ». C’est cette conversion qui lui a permis de changer et ainsi de saisir l’occasion offerte par son entreprise de changer de fonction. On le voit bien dans les parcours des gens que nous avons suivi à travers nos coachings et nos stages. Il faut la force d’un groupe de pairs ou un accompagnement bienveillant pour arriver à tenir le cap. Le chemin de la réalisation offre de multiples occasions de s’échapper ou de renoncer.
Christian – C’est ce que j’aime dans le travail que nous faisons. C’est chouette de voir comment nous pouvons soutenir ceux qui cherchent leur voie et ainsi nous permettre de grandir tous en conscience et en communauté. C’est une belle œuvre, je trouve !
Alexis – Oui, c’est très satisfaisant. Et nous verrons la semaine prochaine comment le Héros peut faire pour faire profiter son entourage de ses nouveaux talents.
Christian – A la semaine prochaine, alors.
Épisode 8 – Le dilemme
Dans les premiers temps de son voyage, le Héros a trouvé son mentor, affronté des épreuves et gagné quelques victoires. Mais au-delà de ses succès matériels, il a reconnu qu’il devait poursuivre l’aventure pour gagner le véritable trésor, au-delà de l’épreuve du dragon. Mais le choix n’est pas si simple…
Alexis – Bonjour Christian !
Christian – Bonjour Alexis. Je suis ravi de te retrouver. Notre conversation de la semaine dernière m’a laissé songeur. J’ai repensé aux personnes que j’ai pu accompagner dans leur parcours de développement des talents. J’ai vu qu’ils s’arrangeaient parfois pour ne pas faire le voyage en entier. J’ai vu qu’il y a eu plusieurs faux départs dans leurs parcours …
Alexis – Des faux départs ou des voyages un peu raccourcis ? Il ne faudrait pas être trop sévères avec nous-mêmes. Le voyage du Héros est un chemin exigeant. Et à moins de consacrer sa vie entière à cette quête, il ne nous est pas donné de tout accomplir d’une seule traite. C’est comme faire le chemin de Compostelle à pied. Nous sommes nombreux à avoir fréquenté le chemin, mais bien peu savent se donner le temps -et le courage- de l’accomplir en totalité en un seul parcours. Nous composons avec nos vies et nous nous offrons quelques jours par an pour en accomplir une partie et la suite une autre année. Et bien je crois que pour le voyage du Héros, c’est un peu la même chose. Nous faisons des compromis. Ce n’est guère glorieux et en même temps c’est banal. C’est pour cela que ceux qui vont au bout de cette quête exigeante de la réalisation de soi sont des Héros. Et c’est pour cela que nous sommes là à mettre en lumière ce chemin.
Christian – Oui. Nous manquons parfois de courage pour reconnaître que nous faisons fausse route en croyant pouvoir composer ainsi avec l’exigence de notre réalisation. Entre le confort et la facilité du connu et l’inconfort du cheminement intérieur, nous hésitons… C’est de cela que parle cette étape nommée « le dilemme » ?
Alexis – Oui. Le dilemme est cette huitième étape qui suit la rencontre avec le dragon. Mais le dilemme est aussi à chaque étape. Mais commençons ici. Le dilemme est une étape qui rappelle celle de l’appel. Il nous invite à vérifier que nous avons bel et bien entendu l’appel. Le dilemme est associé au poignard. Cela nous indique qu’il y a quelque chose à couper, comme une entrave qui nous empêche d’avancer. C’est un appel à quitter le monde d’avant pour oser l’aventure de la nouveauté. Dans cette étape, le Héros doit choisir entre le trésor matériel et le trésor spirituel. Dans les films, on voit parfois un personnage qui est littéralement plombé d’avoir voulu se remplir les poches d’or et qu’il est devenu trop lourd pour s’enfuir. Il doit couper la corde avec laquelle il avait attaché à lui le coffre au trésor. Sinon, il reste coincé dans la caverne.
Christian – Je revois la scène dans Indiana Jones ou dans d’autres films. C’est un classique en effet. Je vois l’équivalent dans la quête de chacun sur le chemin de l’accomplissement des Talents. Pour développer un nouveau talent, il est souvent question d’avoir à renoncer à ses anciennes habitudes. Par exemple, pour apprendre à nager, il faut lâcher le bord de la piscine. Ou pour apprendre à agir « sans règle et sans routine » – c’est une compétence que l’on travaille dans les bilans de Talents – il est nécessaire de quitter ses habitudes. Et parfois cela peut être très insécurisant. On y tient car elles ont été nécessaires dans sa vie, pendant un temps en tout cas. Mais ce temps est peut-être révolu. C’est ce travail de discernement, et de renoncement, que permettent nos accompagnements : faire le tri entre ce qui reste nécessaire et ce qui peut maintenant évoluer.
Alexis – Le Héros est celui qui a réussi à ne plus s’identifier à ses anciennes habitudes. En cela, il devient un homme neuf. L’entrée dans la caverne et la rencontre du dragon l’invitent à faire l’ascèse de ses conditionnements passés. C’est abandonner ses habitudes émotionnelles, ses attachements affectifs et mentaux.
Christian – C’est la même chose. Le mental est bien souvent ce qui entretient nos réactions émotionnelles. Parfois, il nous maintient dans le passé ou s’inquiète du futur. Il peine à rester uniquement dans le présent. Alors, il alimente l’avidité et la colère. C’est pour cela que la méditation et toutes les pratiques qui nous permettent d’être davantage dans le présent et dans le cœur sont si puissantes.
Alexis – Et nécessaires, en effet. Mais pour devenir soi, devenir un individu libre et indépendant, il nous faut de l’aide. L’individu seul ne peut affronter le collectif dont il est issu sans une aide extérieure. C’est pour cela que le mentor apparait pour aider le Héros à franchir le seuil.
Christian – Tout à fait. Et c’est la fonction que nous donnent nos clients lorsque nous les accompagnons dans la quête de leurs Talents. Je me souviens du cas de Lydia. Il s’agit d’une jeune femme qui m’était envoyée par son père. C’est le papa qui finançait l’accompagnement me disant qu’il espérait, grâce au travail que nous allions faire ensemble, que sa fille trouverait sa voie et cesserait les petits boulots sans avenir. En fait, le bilan a bel et bien été un choc pour Lydia. Elle a compris où étaient ses véritables Talents, sa motivation et donc elle a compris vers quoi elle devait aller. Elle a décidé d’ouvrir une boutique de vêtements de sport. Et parallèlement à cela, elle développait des petits programmes d’entraînement qu’elle proposait à ses clients. Et ça marchait très bien. Au point qu’elle envisageait d’ouvrir une seconde boutique dans une ville proche. Mais, là, elle a dû affronter les jugements de son père.
Alexis – Ce n’est pas ce genre d’avenir qu’il voulait pour sa fille, c’est cela ?
Christian – Il faut croire. Il était issu d’un milieu de fonctionnaire et j’imagine qu’il aurait préféré voir sa fille suivre une voie plus « sérieuse », à l’image de la sienne, en tout cas. L’entrepreneuriat, la vente de fringues et le coaching, n’était pas ce qu’il avait rêvé pour sa fille. La conséquence pour Lydia, est qu’elle a dû prendre un appartement pour s’éloigner de ses parents et être tranquille pour mener à bien son chemin. Et c’était tout à fait possible car elle gagnait maintenant très correctement sa vie.
Alexis – Elle avait trouvé sa voie et donc elle réussissait très bien, c’est génial. Et tu vois, c’est cela le travail du mentor. C’est permettre d’aider le Héros à couper avec les liens du passé pour vivre son propre chemin d’accomplissement personnel, au-delà des schémas parentaux, sans culpabilité ni égoïsme. Mais pour servir une cause plus grande que soi.
Christian – Tout à fait. Et c’était bien le dilemme à résoudre. En choisissant de faire ce qu’elle aimait, c’est-à-dire se mettre au service des autres, elle a réussi son entreprise. Et en faisant cela, elle s’est réalisée en s’affranchissant des cadres limitants que cherchait à lui imposer sa famille. Une très belle réussite pour cette jeune femme.
Alexis – Bravo Christian de lui avoir permis de réaliser cela. A la semaine prochaine pour un autre épisode de ce voyage du Héros.
Épisode 9 – Retour à la lumière
Nous avons vu comment le Héros a dû se remettre en question pour donner suite à l’appel qu’il a entendu au fond de lui-même. A travers les épreuves de la vie, il a développé ses Talents et rencontré ses démons intérieurs. Sur ce chemin de réalisation, il a pu se confronter au choix du sens de sa vie. Mais ce qui s’est passé au plus profond de lui doit maintenant s’incarner dans le monde.
Christian – Bonjour Alexis. Je te trouve bien rayonnant ce matin. Aurais-tu, toi aussi, revisité quelques profondeurs durant cette semaine ?
Alexis – Bonjour Christian. Tel le Héros, je parais transfiguré aux yeux du monde ! Hihihi. En effet, j’ai pu travailler sur de nouvelles prises de conscience et, oui, je m’en trouve changé intérieurement. Je ne pensais pas que cela se verrait tant que cela… C’est le propre de cette nouvelle étape du voyage du Héros que nous avons à évoquer aujourd’hui : le retour à la lumière.
Christian – Le Héros a fini son voyage intérieur, c’est cela ?
Alexis – En effet, une partie importante de son voyage extraordinaire se termine là. Il quitte le monde des profondeurs pour revenir dans le monde ordinaire. Et c’est là encore tout un cheminement intérieur. Tu dois bien le voir toi aussi dans tes accompagnements, le Héros a changé intérieurement, il a grandi en conscience. Il s’est renforcé à travers les épreuves de la vie. Il a connu ses limites et s’est confronté à la tentation d’un égo qui se croit arrivé lorsqu’il profite des premiers succès matériels. S’il a su entendre la voix de sa conscience -la déesse- il s’est aussi rappelé l’humilité et la vérité profonde de sa quête.
Christian – La chasse au dragon ?
Alexis – La rencontre ! tu veux dire. C’est davantage un apprivoisement qu’une chasse. Souviens-toi, le dragon n’est en rien un ennemi, nous le savons maintenant, c’est le gardien du trésor.
Christian – Il faut peut-être préciser un peu : on pourrait croire que le dragon s’est approprié le trésor matériel et qu’il ne veut pas se le faire prendre. Mais en réalité, tu disais la semaine dernière que le Héros est celui qui sait renoncer au trésor matériel pour faire le choix du trésor spirituel. Et c’est le dragon qui lui permet cela. Ce n’est pas tout à fait pareil.
Alexis – Oui, le Héros est en fait celui qui sait que sa réalisation passera par l’abandon du facile, du connu, du matériel… – et donc de toutes les manifestations de l’égo – pour se mettre au service des autres. C’est une conversion intérieure. Le Dragon est en fait là pour empêcher le Héros de devenir égoïste. Il lui barre le chemin du trésor facile, le trésor matériel. Il provoque le choc qui est nécessaire pour faire tomber les illusions et ouvrir la vision sur une autre réalité.
Christian – Oui, c’est une belle image. Il ouvre la conscience à une nouvelle réalité. En fait, ce n’est en rien nouveau, c’est la redécouverte de sa nature profonde.
Alexis – J’ai beaucoup médité sur cette idée ces derniers temps… Nous sommes les enfants de la lumière, de Dieu, de la source, peu importe comment on l’appelle. C’est le principe créateur dont nous sommes issus. Et bien, comme l’enseignent toutes les spiritualités, ce principe premier est l’Amour. Et nous, nous sommes venus l’incarner sur Terre, sous toutes les formes.
Christian – Je m’y retrouve bien. Nous sommes venus mettre l’amour et la lumière en action dans le monde. C’est notre mission générale de vie : incarner l’amour. Mais, bon, nous devons admettre que ce n’est pas ça tous les jours ! C’est un chemin exigeant.
Alexis – Oui, c’est bien pour cela que nous parlons de Héros. Ce chemin n’est pas le chemin des lâches ou des hommes ordinaires. C’est le chemin des Héros, c’est-à-dire de ceux qui font le choix, sans cesse renouvelé, de mettre leur vie au service de leur quête. C’est un sacerdoce et non une sinécure. Mais c’est bien le chemin que nous sommes tous invités à accomplir. Nous pouvons tous devenir un Héros pour peu qu’on nous y incite un peu.
Christian – Mes clients me demandent parfois si notre destin est écrit ? Et qu’en est-il de notre libre arbitre ? Il me semble que tous les jours nous avons des choix à faire et donc à assumer les conséquences de nos actes.
Alexis – Oui, dans tous les cas il reste une partie de libre arbitre. Nous avons à faire le choix d’entendre ou non l’appel, de passer ou non le seuil, de traverser les épreuves avec optimisme ou en renâclant. Nous avons à tout moment le choix d’écouter notre voix intérieure, celle qui est branchée sur la source ou les sirènes de la tentation matérialiste. C’est à chaque instant que nous avons à faire et refaire le choix. C’est là notre challenge fondamental, C’est ce qui fonde toute notre vie.
Christian – Dirais-tu que nous sommes là pour rayonner l’amour divin sur terre.
Alexis – Oui bien sûr. Nous, il me semble que nous sommes venus pour cela, n’est-ce pas ? C’est en tout cas ma conviction profonde. C’est ce que m’ont appris ma vie et mes « voyages ».
Christian – Oui, et là je te rejoins. Et même je crois que nous sommes nombreux à le croire aussi. Même si tout le monde ne l’a pas conscientisé ou formulé ainsi…
Alexis – C’est déjà tout un chemin en soi. Les questions sur le sens de la vie nous confrontent vite à des conceptions différentes et si l’on cherchait à avoir raison et à convaincre on deviendrait vite sectaire. Mais revenons plutôt à notre Héros, car c’est bien cela qu’il vit lui aussi. A travers son voyage, il a découvert de nouvelles vérités sur la vie et il peut avoir de la peine à revenir au monde ordinaire tant celui-ci peut lui paraître fade ou inconsistant. Il a vécu des aventures et son regard a changé. Il ne peut revenir dans le monde d’avant. Ce n’est plus possible.
Christian – Oui, sur ce point, j’explique que ce serait comme revenir dans un monde en noir et blanc après avoir découvert la couleur.
Alexis – C’est bien là un autre niveau de dilemme que doit trancher le Héros. Il doit accepter de revenir dans le monde ordinaire car sa mission n’est pas de garder le trésor pour lui-même. Il doit le partager avec tous car c’est là ce qu’il a découvert de plus important. Le retour à la lumière est cette étape où le Héros s’apprête à rentrer chez lui, fort de sa nouvelle conscience pour, à travers sa propre vie, partager avec les autres sa richesse intérieure.
Christian – Et ce n’est pas simple en effet. Nous avons vu, à l’instant, à travers ce que tu nous partageais de tes nouvelles découvertes ésotériques, que le partage d’une telle vérité peut choquer ou sembler pour le moins difficile à comprendre et à accepter. Il faut du courage pour oser partager des choses comme cela.
Alexis – C’est une sorte de « coming-out » en effet. Il faut du courage pour dire sa vérité et il en faut tout autant pour ouvrir son monde à la vérité des autres. Mais nous verrons cela plus en détail la semaine prochaine.
Christian – Je vais méditer là-dessus, car, en vérité je te le dis, il y a quelque chose d’éternel à découvrir dans ces paroles… Bonne semaine à toi Alexis
Alexis – Bonne méditation et bonne semaine à toi aussi.
Épisode 10 – Mort et résurrection
Nous avons vu précédemment que le voyage du Héros est un chemin intérieur qui confronte l’homme ordinaire et le transforme profondément. Mais le Héros accompli est celui qui œuvre dans le monde réel. Il doit souvent changer de peau pour incarner le nouvel homme qu’il est devenu. Tel Hercule il pourra alors accomplir son nouveau travail.
Alexis – Bonjour Christian.
Christian – Bonjour Alexis. Je suis content de te voir de retour. Mais est-ce bien toi ? Je reconnais l’enveloppe physique, tes yeux rieurs et ton chapeau. Mais je ne sais qui est à l’intérieur ? Tu vois, nos échanges de la semaine dernière ont porté leurs fruits…
Alexis – Moi aussi, Christian, je suis content de te voir. Tu sais, dans certains stages, nous faisons faire l’exercice à nos stagiaires de se regarder dans les yeux deux à deux, pendant quelques minutes. Et chacun son tour, ils se disent : « Je te vois ». C’est un exercice puissant qui permet de se mettre réellement au contact de la présence de l’autre. Celle qu’on lit dans les yeux. Et c’est là que l’on se reconnait parfois, d’âme à âme.
Christian – Oui c’est un exercice que j’adore faire. Il est très puissant. Il nous connecte vraiment avec notre Être intérieur à travers la rencontre de l’autre. C’est un processus très fort qui permet effectivement d’asseoir une nouvelle posture. Nous avons vu la semaine dernière que le Héros hésite à revenir à la vraie vie. Moi aussi, j’ai vu cela dans mes accompagnements. Le client, qui a découvert ses Talents à travers l’outil que je propose, se voit invité à les réaliser dans sa vie. Parfois, ce travail amorce une véritable conversion intérieure. Certains se rendent compte que ça fait parfois des années qu’ils jouent au chat et à la souris avec eux-mêmes. Ils savaient bien, au fond d’eux, qu’ils étaient un peu à côté de la plaque. Mais ils trouvaient toujours un moyen pour justifier la situation. Changer de métier, changer de vie demande du courage et parfois, nous préférons ignorer cet appel.
Alexis – Cela me rappelle l’histoire d’Hercule et du Lion de Némée, le premier et le plus important, symboliquement, de ses douze travaux. Je te rappelle l’histoire…
Hercule est un demi-dieu, fils de Zeus et d’Alcmène. Comme tous les Héros, il est donc à moitié dieu. Il est aussi à moitié femme, c’est-à-dire réceptif et vulnérable dans le sens qu’il n’a pas de carapace étanche. Il ressent les choses. Dans sa jeunesse, Hercule reçoit une riche éducation et apprend à canaliser sa force et ses pulsions. Il est alors invité à Thespios et chasse son premier lion du mont Cithéron. Il enfile alors sa peau. Il devient alors symboliquement un autre. C’est fort de cela qu’il épouse Mégara, une princesse et lui fait des enfants. Mais par folie, influencé par Héra la femme jalouse de Zeus, il les tue. C’est cette faute qu’il doit expier à travers les 12 travaux. C’est le sens moral du mythe. Mais symboliquement, il s’agit de voir que la réussite matérielle, la femme magnifique, les honneurs du rang, les succès ne sont pas pleinement tenables. Un appel plus fort est en lui et il doit accomplir son destin. C’est le sens de l’appel que nous avons vu plus haut. C’est Eurysthée qui prend le pouvoir a sa place et qui lui commande les 12 travaux afin de lui permettre de se racheter. Hercule apprend à se soumettre car le Héros doit apprendre l’humilité. On lui donne alors un arc et des flèches, une épée et un plastron d’or et il se fabrique une massue. Son premier travail est de tuer le lion de Nemée. Encore un lion et encore un changement de peau en perspective. Ce lion a une cuirasse si épaisse que rien ne peut la percer. Il est comme sourd aux atteintes de la vie. Il se cache dans une caverne à double entrée, ce qui fait que quand Hercule le poursuit dans sa cachette, l’animal ressort par l’autre accès et ainsi de suite. Il faut que Hercule installe un filet à la sortie pour acculer le lion et l’affronter en face à face.
Christian – Ah oui, c’est cela. C’est comme nos clients. Ils se courent eux-mêmes après et refusent parfois longtemps de se voir en face. Ils procrastinent ou se racontent des histoires pour ne pas avancer.
Alexis – C’est là que notre accompagnement est intéressant. Comme Hercule le fait avec le lion nous pouvons, à travers notre écoute accueillante, mais aussi nos confrontations bienveillantes inviter le client à se regarder en face et à se voir vraiment tel qu’il est, divin et magnifique, humain et vulnérable. Hercule vêtu de sa première peau de lion, affronte l’animal, les yeux dans les yeux. Le lion affronte le lion. C’est un combat et Hercule y laisse une phalange. Mais il finit par étouffer le lion. Et il s’endort, épuisé.
Christian – En langue des oiseaux on dit « j’étouffais » signifie « j’ai tout fait ». Cela marque une limite, le sentiment d’être arrivé au bout du bout. Une étape de la vie se termine.
Alexis – Oui, c’est souvent le signe qu’il est temps de passer sur un autre plan. Je finis avec Hercule. Son sommeil est encore un seuil à franchir. Il se transforme intérieurement suite à la rencontre avec sa partie animale et inconsciente. Lorsqu’il revient vers Eurysthée lui présenter la dépouille du lion, il ne peut entrer en ville. Il dépose le lion à sa porte. C’est là encore le reflet de cette étape de retour pour le Héros. Fort de sa nouvelle conscience, vêtu de sa nouvelle peau, il ne peut plus revenir en ville, c’est-à-dire dans une vie normale. Il n’est plus de ce monde.
Christian – C’est là aussi que l’on peut aider nos clients. Il ne s’agit pas qu’ils s’imaginent au-dessus des autres, comme pourrait le faire croire leur égo. Ne plus se sentir comme avant ne signifie pas se sentir au-dessus des autres, mais parfois bien au contraire vouloir se mettre au service des autres et non plus au service de ses seuls désirs égotiques.
Alexis – Si le voyage est bel et bien accompli, alors l’égo est à sa juste place. Il est vécu comme un partenaire et non comme celui qui dirige tout. Mais le juste constat est qu’effectivement nos clients héroïques ont désormais un autre regard sur le monde. Et qu’ils doivent, non pas juger les autres, mais les accepter tels qu’ils sont. Souvent le Héros, à son retour, devient un enseignant ou une sorte de sâge qui va alors servir de mentor aux autres. C’est là qu’il met son nouveau « pouvoir » au service du monde. Car ce n’est qu’un pouvoir du cœur.
Christian – C’est vraiment une belle victoire que d’arriver à cela. Cela me plait de contribuer et de voir qu’à travers nos outils et nos accompagnements nous pouvons aider nos clients sur ce chemin.
Alexis – C’est notre vocation, en effet. En découvrant le voyage du Héros, nous pouvons, chacun de nous, découvrir comment cheminer vers nous-mêmes et notre réalisation. Ceux qui sont déjà sur le chemin trouveront des repères, des pistes et des pratiques pour, petit à petit clarifier leur conscience et affiner leurs choix de vie. Pour d’autres, ce sera un premier contact avec le cheminement intérieur. Dans tous les cas, c’est l’occasion d’avancer et c’est cela qui est le vrai trésor.
Christian – Je propose que la prochaine fois, nous prenions davantage le temps de préciser ce qu’est l’élixir avec lequel repart le Héros. Cela intéressera beaucoup nos lecteurs, je crois.
Alexis – Tout à fait. Rendez-vous la semaine prochaine !
Épisode 11 : Retour avec l’élixir
Nous voilà presque au terme du voyage. Le Héros rentre chez lui avec le résultat de sa quête. Mais quel est donc vraiment ce trésor qu’il ramène et comment peut-il le partager avec son entourage ?
Nous verrons ici comment chacun peut reconnaître en lui les forces qui lui permettront d’accomplir à son tour ce voyage.
Alexis – Hey salut Christian ! Je suis content de te retrouver pour finir avec toi le récit de ce voyage héroïque qui nous anime depuis près de trois mois.
Christian – Bonjour Alexis. Oui, le temps est passé vite. Nous voilà déjà au terme du récit. Où en est notre Héros ? Maintenant qu’il est de retour chez lui, peut-il enfin se reposer ?
Alexis – Non, pas vraiment, ce n’est pas trop le sens de la quête. Nous avons vu précédemment que le retour n’a pas été simple. Les combats que le Héros a dû vivre pour mener à bien sa quête, les aventures, les rencontres, les succès et les déboires l’ont profondément marqué. Il n’est plus tout à fait le même. La décision du retour et les difficultés qu’il a rencontrées pour trouver une nouvelle manière de prendre sa place dans le monde l’ont transfiguré. Tel Hercule vêtu de sa peau de lion, il n’est plus le même homme.
Christian – Et puis il y a eu le dragon aussi ! Ce n’est pas la plus anodine des étapes. C’est une véritable transformation intérieure qu’il a vécue. Je le vois à travers les clients que j’accompagne sur le chemin. Ils veulent devenir davantage eux-mêmes. Ils sentent en eux une aspiration mais ils ne savent pas comment faire pour réaliser cela concrètement. Lorsqu’ils découvrent leurs talents, grâce au travail que l’on fait ensemble, ils se demandent alors comment les mettre en œuvre dans leur vie, au quotidien. Comme le Héros, ils doivent affronter des épreuves, des formations parfois, des repositionnements professionnels. Parfois ils changent de métier ou d’entreprise, mais ce n’est pas toujours le cas.
Alexis – Ce n’est parfois qu’une question de croyances limitantes, en effet. Je me souviens d’un jeune homme, Franck, qui se croyait obligé de suivre certaines règles professionnelles qu’on lui avait inculquées durant sa formation et son premier emploi. Le travail que j’ai mené avec lui a surtout permis de lui faire prendre conscience de ses compétences et de son propre style. Il a alors pu faire le travail pour rencontrer sa peur de déplaire aux autres et la traverser. C’était là son dragon intérieur. Petit à petit je l’ai alors vu « rentrer chez lui ».
Christian – Ah oui, « rentrer chez lui » dans les deux sens du terme. Il est revenu en son centre intérieur en même temps qu’il est retourné dans sa vie pour appliquer ce qu’il avait travaillé en coaching ! Et qu’a-t-il eu besoin de changer dans son positionnement pour incarner cette conversion devant ses proches ou ses collègues ?
Alexis – Franck a changé sa posture et sa présentation professionnelle. D’une posture de freelance indépendant, il s’est positionné en chef de projet, il a commencé à prendre des missions plus importantes et à faire travailler avec lui des collègues et des sous-traitants. Il est devenu le pilote et le coordinateur, là où il n’était qu’un exécutant. C’était cela sa révolution intérieure. Il a totalement changé de posture, mais pas de métier ni de statut. Le fait d’avoir vu, à travers le coaching, qu’il avait une vraie appétence pour la direction de projet a été le déclencheur. Mais surtout, c’est le travail sur ses croyances limitantes qui a été le vrai changement pour lui. Plus qu’un talent de plus, il a trouvé sa véritable force intérieure, son vrai pouvoir, en se connectant avec son désir profond de faire changer le monde. La révolution a été qu’il a contacté en lui l’âme d’un créateur de changement et qu’il a vu que ce qui était intéressant c’était de mettre cela au service des autres. D’une préoccupation auto-centrée sur ses compétences et son business à lui seul, il s’est tourné vers l’animation d’une petite communauté d’experts qu’il a fait grandir au service des projets pour lesquels il avait envie de se mobiliser. Cela avait bien plus de sens pour lui et bien plus d’impact sur le monde.
Christian – Pourquoi emploies-tu le terme d’élixir dans le récit du voyage du Héros ? C’est une référence à une potion magique ?
Alexis – Oui, c’est un clin d’œil à la démarche alchimique. Le résultat de l’œuvre alchimique, le Graal, c’est l’élixir de longue vie, lui-même issu de la pierre philosophale. On retrouve cela dans de nombreuses traditions et même dans Harry Potter lorsqu’on le voit rechercher la pierre philosophale pour empêcher que Voldemort s’en empare. C’est intéressant car, même là, JK Rowling n’a pas oublié de montrer que la pierre n’est donnée à Harry que parce que c’est un cœur pur et qu’il ne l’utilisera pas pour lui-même. La véritable quête du Héros doit toujours rester altruiste. Plus sérieusement, cet élixir fait avant tout référence au processus d’individuation que CG Jung a mis en lumière dans toute son œuvre.
Christian – Tu peux préciser cela s’il te plaît ?
Alexis – Tu vois, c’est ce que nous avons vu précédemment à travers tout ce voyage. Le processus d’individuation est un processus de différenciation. Il s’agit de quitter la matrice originelle, pour devenir pleinement soi-même, c’est-à-dire un être libre et unique, entier et autonome et interdépendant. C’est-à-dire quelqu’un qui a trouvé la liberté intérieure, qui a su reconnaître et assumer sa part de lumière autant que sa part d’ombre. Il a gagné la force de vivre sa propre vie – et non plus celle que son éducation lui a demandé de vivre. C’est quelqu’un qui sait que notre mission à tous est de rayonner notre lumière intérieure à travers toutes nos actions quotidiennes. En osant écouter notre cœur, en osant nous détacher du regard des autres -mais toujours en profond lien avec eux, n’oublions pas – en osant renoncer à la peur pour lui préférer la confiance et l’amour. Alors, oui vraiment, on devient le Héros de sa propre vie ! C’est un pouvoir très puissant et il est à notre portée si on se donne la peine de se mettre en chemin. C’est cela le processus qui permet de quitter les préoccupations égotiques pour rejoindre le souffle inspirant du Soi.
Christian – Et en quoi l’élixir nous rend-il immortel ?
Alexis – Eh bien, disons que l’élixir que ramène le Héros dans sa vie est le pouvoir de créer autour de lui l’amour et la richesse. C’est pour cela que les contes se terminent par la phrase : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». C’est encore un symbole. L’épouse représente la part féminine de chacun, c’est à dire l’intuition que suit le Héros à l’écoute de son âme, et les enfants sont les créations que cette union permet de générer. Ce sont les projets, les productions, les œuvres que nous fabriquons dans cette nouvelle intelligence créatrice.
Christian – Ok, et en cela nous laissons une trace de nous à la postérité. Je comprends et c’est bien ainsi que je vois les choses également. C’est merveilleux de voir que depuis notre plus tendre enfance le message nous était déjà accessible. Cela touche mon âme d’enfant…
Alexis – Les contes, tout comme les rêves- sont pleins de sagesse pour peu que nous sachions les écouter avec le cœur. C’est ce que nous enseigne le voyage du Héros et ce que j’avais moi aussi à cœur de partager avec toi, mon cher ami.
Christian – Mission accomplie, mon ami. C’était un plaisir de faire ce chemin en ta compagnie. A bientôt, j’espère pour de nouvelles aventures !
Épisode 12 : Épilogue
Le voyage est terminé. Le Héros peut maintenant vivre sa nouvelle vie. Nous verrons ici ce que cela représente pour nous tous concrètement. Ce sera aussi l’occasion de rappeler comment nous pouvons nous faire aider pour faire nous- même le voyage et rencontrer nous aussi cette réussite inestimable.
Christian – Cher Alexis, encore une dernière chose avant que nous clôturions ce parcours incroyable…
Alexis – Je t’écoute avec plaisir. J’avoue aussi que j’avais envie de prolonger encore un peu ce riche échange.
Christian – Tu vois, ce que j’ai aimé en faisant ce chemin à tes côtés, durant toutes ces semaines, c’est que cela m’a permis de mesurer à quel point nous faisons un beau métier, toi et moi. Nous avons la chance de côtoyer des Héros chaque jour. Car c’est bien ainsi que je vois mes clients. Ils ont un grand courage lorsqu’ils viennent sonner à notre porte. Ils ont entendu un certain appel, mais ils hésitent, ils ne savent pas bien comment faire ou même si c’est bien quelque chose de sérieux ou de réalisable. Ils sont encore sur le seuil, plein de doutes et de questions. Et pourtant, ils osent se mettre en chemin. Ils osent sonner à notre porte pour demander de l’aide.
Alexis – Sonnez et on vous ouvrira ! Cherchez et vous trouverez… lit-on dans la bible. Je vais nous acheter un chapeau pointu, comme celui de Gandalf, ça te dit ?
Christian – Oui c’est vrai, le rôle de mentor ou de coach a un peu à voir avec le personnage du magicien. Non pas que nous ayons des pouvoirs magiques, même si parfois, c’est à quoi cela ressemble. Non, c’est surtout parce que nous avons déjà fait le chemin et que nous en connaissons les tours et les détours et que nous savons le bénéfice que l’on en retire.
Alexis – Oui. Et même si notre expérience n’est pas la leur, nous savons combien on se sent plus léger et plus confiant d’avoir fait ce parcours intérieur. C’est un vrai plus pour notre épanouissement personnel et, en conséquence, professionnel.
Christian – Et c’est ce que nous avons à cœur de partager avec nos clients. Notre savoir-faire est d’éclairer le chemin. A chacun, alors, d’en faire l’expérience.
Alexis – C’est à chacun de faire les pas, oui. C’est ce que nous verrons dans le stage que nous proposons bientôt. En combinant les apports très concrets et très professionnels du bilan de Talents que tu permets de faire, chacun pourra faire le point sur ses aspirations et ce qui fait la nature de sa quête. C’est bien plus clair alors pour chacun. C’est une base essentielle. Ensuite, ensemble, en groupe, nous regarderons les étapes du voyage pour aider chacun à bien reconnaître ce qui appelle en lui. C’est la garantie de ne pas s’égarer ou de s’oublier en route. Nous regarderons aussi les freins et les croyances limitantes qui les gênent encore ou les ont gênés. Cela permettra de se préparer à les dépasser, ça aussi c’est fondamental. Ensuite, nous aborderons les différentes stratégies pour se préparer à la rencontre du dragon. Mais chut, n’allons pas déjà le réveiller en chacun ! Commençons par le début…
Christian – Oui, la formation est un parcours progressif dont nous n’allons pas révéler ici tous les détails. On ne va pas « dévoiler »ce qui s’y passe. Laissons un peu de suspens…
Alexis – Ce qui est sûr, c’est qu’en sortant, chacun aura fait plus d’un pas sur le chemin de sa réalisation personnelle et surtout qu’il se sentira plus fort et plus résolu dans son désir d’avancer. Et cela est déjà un immense trésor !
Christian – Récapitulons, si tu veux bien. Le stage qui suit s’adresse à ceux qui veulent mieux se connaître ou mettre en phase leurs réels talents et leur projet professionnel. Ce sont à la fois des personnes en quête d’un nouveau projet professionnel, en reconversion ou encore des professionnels de l’accompagnement qui souhaitent utiliser cette approche. C’est pour chacun, l’occasion d’avancer très concrètement dans la connaissance et la réalisation de ses Talents, à travers ce récit du voyage du Héros. En partant du bilan de Talents que je propose, et qui sera fait en amont pour chacun, nous regarderons le potentiel et l’aspiration de chacun à se réaliser. Il s’agit de réaliser le Flow, c’est-à-dire de faire en conscience le choix des activités qui nous épanouissent vraiment. Ensuite, nous regarderons les étapes nécessaires pour que chacun trouve comment réaliser concrètement les changements nécessaires afin que cet idéal devienne bel et bien une réalité. Nous ne pourrons pas prévoir toutes les épreuves ou les obstacles qui pourront se présenter, mais nous pourrons fournir, comme le mentor le fait avec le Héros, un bouclier, une épée, c’est-à-dire les permissions et les protections qui permettent de toujours avancer en sécurité. Nous travaillerons aussi la question des croyances limitantes – l’ombre – et la dimension spirituelle de la quête, à travers la rencontre avec la déesse. Ainsi, nous offrirons à chacun tous les pouvoirs pour que, en toute autonomie, il puisse faire son chemin.
Alexis – C’est un stage de groupe, cela va être très riche de voir comment le récit des projets et avancées de chacun va pouvoir éclairer le chemin de tous. Ceux qui ont le plus d’expérience pourront raconter ce qu’ils ont pu traverser et avec les plus novices sur le chemin, nous pourrons tous réviser nos engagements premiers et travailler notre humilité et le sens du partage. Et puis, pour ceux qui voudront faire un travail plus approfondi, sur le développement de leurs talents, ou sur leur dimension de Héros, nous ferons aussi le lien avec les accompagnements que nous proposons, toi ou moi tout au long de l’année. Ainsi, nous serons à même d’accompagner chacun aussi loin qu’il le souhaitera.
Christian – Je suis sûr que, en effet, cela va être très stimulant pour nous tous. Je me réjouis de ce temps et des rencontres que nous allons faire. Je rappelle que le stage peut être totalement pris en charge par les fonds formation et que les explications se trouvent sur le site. Il n’y a plus qu’à réserver les 4 vendredis après-midi durant lesquels nous allons tous travailler ensemble. Cette année nous le proposons en visioconférence afin d’être sûr que nous pourrons, quoi qu’il arrive, tenir les dates et maintenir les rencontres.
Alexis – Oui et grâce à cela, nous pourrons avoir des participants issus de toute la France et même au-delà. Cela va être un grand moment. Alors, je te dis à bientôt pour finaliser notre préparation.
Christian – Oui à très bientôt Alexis.