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La coopération entre freelances ne va pas toujours de soi. Ce n’est pas pour rien que l’on est indépendant…  Mais, au-delà de la compétence technique de chacun et de la clarté du projet, il y a le savoir travailler ensemble qui est fondamental. Quelles sont les points clés à mettre en place pour éviter les tensions et les fiascos ?

 

Un besoin d’indépendance incompatible ?

Les récits des problèmes de coopération entre indépendants sont nombreux. Il suffit de demander à un dev. ou à un graphiste en freelance pour s’entendre conter les engueulades et les coups tordus que les uns et les autres ont eu à vivre.

Beaucoup d’indépendants ont choisi cette forme de structure pour ne plus avoir à subir l’autorité d’un chef ou de qui que ce soit qui incarnerait une quelconque autorité. Pourtant dans bien des projets, il est nécessaire de travailler à plusieurs et donc de se coordonner. Cela demande des décisions et quelques règles. Cela pose donc la question de l’autorité du système et la distribution des rôles et délégations. Et cela sans rien entamer du besoin de liberté qu’ont, par tempérament, beaucoup d’indépendants.

Aussi, pour bien démarrer une coopération entre indépendants, il n’y a pas besoin d’être potes, ou de sortir de la même école, il y a surtout à se construire une même culture de la coopération.

 

Commencer par clarifier les règles

Ainsi, si l’on veut coopérer entre indépendants, il est important de se mettre d’accord sur un certain nombre de points cruciaux :

  • Qui décide de quoi ?
  • Comment prend-on les décisions qui concerne l’équipe ?
  • Quelles sont les modalités de réunion et les règles de vie ensemble ?
  • Comment choisit-on un nouveau membre ?
  • Comment gère-t-on les difficultés et les tensions ?
  • Comment peut-on sortir du collectif et comment le collectif peut-il exclure un membre ?

 

Pas de recette universelle

Il est clair que chaque question comporte des possibilités de réponse différentes. La bonne manière de coopérer n’est donc pas une recette universelle mais bien plutôt un accord entre les membres d’un collectif pour respecter un certain nombre de règles validées collectivement. Si cela va à tous que l’un des membres soit le chef hiérarchique, alors tout va bien. Inversement, si tout le monde est d’accord pour pratiquer une forme de sociocratie, cela convient tout autant.

Ce qui ne fonctionne pas, c’est de vouloir faire cohabiter des manières de faire qui ne seraient pas les mêmes pour tout le monde. On ne jouerait pas aux cartes en mélangeant des joueurs de poker avec des joueurs de tarots. Et bien c’est la même chose ici aussi.

 

Établir un contrat clair

Ainsi, s’il devait y avoir un premier principe fondamental qui garantirait la bonne fin d’une coopération entre indépendants ce serait que les règles et procédures doivent être claires et partagées par tous.

Cela va sans doute paraitre affreusement formel à certains, mais c’est un préalable indispensable. A moins d’avoir déjà travaillé ensemble dans un contexte similaire, il n’est pas du tout évident que les membres de l’équipe sauront travailler ensemble, surtout en l’absence d’un chef.

Les clés de la coopération et de la gouvernance partagée seront des guides précieux pour tous les collectifs qui se créent autour d’un projet.

 

Et quand ça coince, on fait comment ?

Être en désaccord sur un point technique ou un aspect du projet fait partie du job. C’est pour cela que l’on constitue des équipes pluridisciplinaires : pour croiser les regards et associer les différences. Le problème vient plutôt de ne pas avoir la même manière de régler les différends et les tensions. Certains vont prendre sur eux, d’autres vont chercher un coupable, d’autres iront incriminer le client, quand d’autres se culpabiliseront à outrance. Une clé importante est de demander à ce que toutes les tensions soient traitées ouvertement dès qu’elles apparaissent.

Apprendre à animer des réunions de gouvernance par la décision par consentement (cf sociocratie) permet d’acquérir des méthodes efficaces pour réguler les tensions issues d’un qui-fait-quoi pas clair.

Un autre point majeur est de prévoir, à toutes fins utiles, un processus de supervision du groupe afin de pouvoir se faire accompagner lorsque les enjeux sont importants ou que les difficultés sont plus fortes. Cela permet que les tensions se règlent avec un tiers neutre et non pas sous la forme de compétition entre les membres de l’équipe ou, pire, dans un conflit avec le client.

Être professionnel, c’est connaitre ses limites et savoir se faire accompagner soi-même lorsque l’on atteint ses limites.

 

Pour aller plus loin :

Suis-je assez libre pour travailler dans une entreprise libérée

La nécessité de la supervision