On parle beaucoup des entreprises “Opales” comme une nouvelle manière de conjuguer travail et épanouissement personnel. C’est dans l’ère du temps. Et en effet, bien comprendre ce qui change actuellement dans les organisations permet de mieux accueillir la transition en cours et de l’accompagner avec plus de conscience. Et c’est bon pour le business et aussi pour la planète. Explications.
Vous voulez réinventer votre organisation? Super ! Vous avez sans doute lu avec grand intérêt le livre de Frédéric Laloux* et vous êtes devenu fan de cette culture Opale dont il parle si bien.
Mais une fois confronté à la réalité du terrain, lorsque vous voulez discuter de cela avec des amis ou des collègues ou des partenaires, vous vous rendez-compte que tout le monde ne comprend pas les choses de la même manière que vous. Forcement. Et lorsqu’un dirigeant, une équipe ou une entreprise s’essaie à la mise en oeuvre de ces beaux principes, apparaissent alors des tensions fortes liées au fait que finalement, en y regardant bien, tout le monde ne comprend pas de la même manière de quoi il s’agit. De fortes différences d’appréciation apparaissent. C’est une question de regard, de point de vue, de conscience. Car oui la culture Opale est avant tout une question de niveau de conscience. Mais qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
Organisation Opale ?
Le terme Opale est cité par Frédéric Laloux dans son livre. Il fait référence au modèle du psychologue américain Clare Grave, qui décrit dans les années 1960, l’évolution des niveaux de conscience. Ce modèle repris par Don Beck sous le terme, mieux connu, de Spirale Dynamique, a ensuite été beaucoup diffusé par Ken Wilber dans son modèle intégral. Et maintenant, il revient en force grâce à ce nouveau concept « Opale ».
Laloux a eu le talent de proposer un nouveau terme « Opale » pour simplifier l’approche beaucoup plus fouillée de Grave et pour renforcer l’idée de nouveauté. Pour comprendre ce que recouvre l’idée, il faut revenir à ce qu’il y a derrière : un chemin d’évolution de conscience, à la fois individuel et collectif. Ainsi, on comprend qu’une culture se développe sur la base d’autres cultures qu’elle vient compléter et enrichir d’autres valeurs. On passe ainsi actuellement d’une culture hiérarchisée, technologique et rationnelle, centrée sur le profit individuel, la culture orange, vers une culture des réseaux, des écosystèmes, centrés sur les avantages collectifs, la culture verte. La culture Opale s’inscrit dans idée de transition d’un monde du travail vers un autre.
Et comme dans la pyramide de Maslow, il est important de solidifier les premiers niveaux pour espérer travailler les suivants. Avec la Spirale Dynamique, c’est un peu la même logique. Sans fondement, les plus hauts développements ne tiennent pas la route.
Une transition culturelle bien réelle
Au delà du modèle théorique de la Spirale Dynamique, nous pouvons aussi faire le lien avec la perception que nous avons tous d’une transition profonde à laquelle notre civilisation est actuellement confrontée. Dans toutes les directions dans lesquelles nous portons notre regard, nous voyons bien que notre modèle culturel actuel touche à ses limites.
- Economie : le système monétaire, la crise bancaire, le profit à outrance, la concurrence à tout prix…
- Ecologie : tarissement des ressources, pollution, réchauffement climatique…
- Social : pauvreté extreme, inégalités sociales, difficultés d’accès aux soins…
- Politique : abstentionnisme, perte de repère, contestations gilet-jaunes, absence de vision…
- Santé : scandale sanitaire, mal-bouffe, médecine traditionnelle vs alternative…
- Spiritualité : crise religieuse, intégrisme, quête spirituelle de plus en plus forte…
Certains parlent effondrement ou collapse ou même fin du monde. Moi je préfère parler d’âge du Verseau, de Nouvelle Terre ou de transition spirituelle vers une nouvelle conscience et cela me réjouit. Question de point de vue et de vision.
Réinventer les organisations
Le propos de la culture Opale est de formaliser et structurer des pratiques pour transformer le travail afin d’accompagner cette transition et véritablement changer nos pratiques et donc notre monde.
L’idée est de rendre les organisations capables de satisfaire des besoins qui jusque là étaient des besoins contradictoires :
- atteindre ou maintenir l’efficacité et la rentabilité des entreprises tout en donnant plus de sens à l’activité
- satisfaire les dirigeants qui ne veulent plus tout porter sur leurs seules épaules
- favoriser l’épanouissement des salariés qui demandent de l’autonomie, des responsabilités et surtout du sens
- créer des éco-systèmes durables, socialement responsables et écologiques (circuits courts, RSE, ESS…)
Les exemples se multiplient avec de beaux résultats. Mais aussi des déceptions et des initiatives avortées du fait d’un manque de préparation ou d’un manque de conscience des parties prenantes, d’un manque d’accompagnement aussi.
Ce que changent les nouvelles pratiques de gouvernance
Les nouvelles organisations développent la coopération au sens large. Qu’il s’agisse de pratiquer la décision par consentement, de créer des cercles autonomes ou simplement de simplifier l’organisation toutes ces pratiques ont pour point commun d’interroger les valeurs de l’entreprise. Le profit seul ne saurait plus suffire. L’entreprise qui se réorganise ainsi met forcément la satisfaction des besoins humains au centre. Cela fait longtemps qu’on le dit, mais il aura fallut passer par de grandes crises et autres drames pour que les consciences commencent à évoluer sur le sujet.
J’ai ainsi pu voir, dans mon parcours en entreprise, comment notre point de vue changeait au fil des années. D’un management centré sur la performance individuelle, nous sommes passé à la performance collective en passant par la préventions des Risques Psychosociaux puis à la Qualité de Vie au Travail. Il a fallu des drames et des burn-out pour que l’on touche, chez de plus en plus de personne à cette énergie fondamentale qui pousse à agir fort d’un puissant : plus jamais ça pour moi ! Ainsi, c’est parce que chacun de nous vit un jour une épreuve, une difficulté, que nous avons pris la décision de changer nos façons de faire. C’est cette prise de conscience de notre vulnérabilité qui nous pousse à chercher d’autres voies.
S’épanouir en entreprise
Ainsi, c’est la question même du sens de la vie et donc du travail qui se pose à nous ici. C’est ce que l’on allait chercher le week-end dans nos stages de yoga, de pleine conscience ou de développement personnel. L’idée était de compenser un monde du travail, intransigeant, froid et cassant avec d’autres pratiques personnelles pour combler nos aspirations à une vie professionnelle qui a du sens, en lien avec le nature et qui nous épanouisse vraiment. Entre les deux, il y a un gouffre de plus en plus large.
La bonne nouvelle, c’est que les nouvelles pratiques de gouvernance et d’organisation sont, à bien y regarder un chemin pour nous permettre de réconcilier les deux logiques. Car, comme nous le disions plus haut, nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir accepter l’ancien modèle et à vouloir changer les choses pour rendre notre vie au travail beaucoup plus épanouissante.
En effet, ces pratiques nous demandent la même posture intérieure que celle que l’on cherche à développer dans nos stages du week-end. Car c’est bien le même ancrage, la même capacité à se dire sans violence, à développer notre intuition et notre créativité qui se joue. Notre vision spirituelle de la vie cherche ainsi à s’incarner dans un présent investi de plus en plus en conscience.
Ainsi, la culture Opale nous invite à revisiter tous les niveaux de la Spirale Dynamique pour construire en nous un socle solide à l’épanouissement de notre être profond. Si cela vous parait trop idéaliste et trop peu scientifique, vous avez raison. C’est la vision du niveau orange. Et elle est juste. Elle se complétera peut-être un jour par une autre ouverture à une réalité plus grande. Ou pas. Nous n’avons pas tous le même cheminement spirituel et il y a de la place pour chacun. Dans le respect de nos différences. Pour le savoir, venez vous former à la Spirale 🙂
C’est là tout l’enjeu de ces pratiques organisationnelle : faire cohabiter des visions du monde de manière pacifique et constructive. C’est l’enjeu de toute notre vie sociale et c’est l’enjeu majeur de notre époque.
Alors, si vous avez envie de faire votre part et de commencer par changer vos pratiques… nous pouvons faire un bout de chemin ensemble.
Et c’est un beau chemin, vraiment.
Pour aller plus loin :
*Fréderic Laloux : Réinventing organizations, Ed Diateino 2015. Voir aussi le site de l’auteur ici
Formation : « La Spirale dynamique : fondement de la culture Opale » 21 et 22 novembre 2019 à Lyon 1.
Meetup : Coopérer, on y va !. Une communauté pour rassembler ceux qui développent des pratiques de coopération en lien avec la culture Opale.
Peut-on faire évoluer la culture d’une organisation ?
J’ouvre la 1ère Page de « reinventing organizations » et je tombe sur le terme Opale, dont l’auteur dit qu’il y reviendra plus tard. Je n’ai pas voulu attendre et je suis allé sur internet taper « opale » ; plusieurs articles et j’ai choisi le vôtre lu jusqu’au bout pour tomber à nouveau sur cette offre de commentaire que j’utilise pour compter cette belle rencontre avec ce concept que je ne connaissais pas. J’ai l’occasion de revisiter mon organisation suite au départ d’un poste clé, ce qui m’a amené lors d’une rencontre récente d’être guidé vers le livre de Frédéric Laloux. Vous connaissez la suite.